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L’ASPHALTE ET LE BITUME.                               639

          asphaltiques dominés par des roches tertiai­
          res où le bitume s’est également infiltré.
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            Ces gisements s’étendent des environs
          de Seyssel, sur la rive droite du Rhône,   ORIGINE GÉOLOGIQUE DE L’ASPHALTE ET DU BITUME. —
                                                      PRINCIPALES THÉORIES. — ORIGINE ORGANIQUE ET
          dans le département de l’Ain, jusqu’à
                                                      ORIGINE VOLCANIQUE. — THÉORIE MIXTE ! ORIGINE
          Challonges (Haute Savoie), où se trouve la
                                                      ORGANIQUE ET HYDROTHERMALE.
          mine dite de Volant-Perrette.
            La mine de Seyssel est moins puissante,   Le bitume, soit à l’état libre, soit lors­
          mais plus étendue que celle du Val de     qu’il imprègne des roches calcaires ou des
          Travers.                                  grès, se trouve répandu dans toute la profon­
            Les grès de Seyssel ne contiennent que   deur de l’écorce terrestre', depuis les terrains
          5 a 6 pour 100 de bitume, mais le calcaire   primitifs, comme en Auvergne, jusqu’aux
          asphaltique en contient 12 pour 100. Ces   terrains secondaires et tertiaires, comme au
          grès se composent de grains quartzeux, entre­  Val de Travers et à Seyssel, et même dans
          mêlés de grains de calcaire blanc, formant   des couches plus récentes. On comprend
          à peu près le quart du poids des premiers.   donc, par avance, qu’une théorie unique
          Le tout est agglutiné par un bitume d’une   puisse difficilement suffire à réunir en un
          couleur noir de fumée. Les grains de quartz   faisceau cette multiplicité de faits, et que
          ont à peu près la grosseur de grains de mil­  beaucoup d’opinions aient été émises sur le
          let, ou celle d’une lentille tout au plus.   mode de formation de l’asphalte et du bi­
          L’exploitation de ces grès a été abandonnée   tume.
          parce que leur traitement n’était pas assez   On peut ramener à trois ces théories :
          rémunérateur, et que le produit de ce trai­  1° la théorie de l’origine organique; 2° la
          tement ne pouvait soutenir la concurrence   théorie de l’origine éruptive ; 3° la théorie
          avec les bitumes de grès d’Auvergne.      de l’origine organique et hydro-thermale.
            Le calcai.c asphaltique est en pleine     Théorie organique. — Dans ce système
          exploitation dans la colline de Pyrimont, qui   d’explication,on attribue l’origine du bitume
          s’étend sur une longueur de 400 mètres et   à la décomposition des matières organiques,
          une largeur de 100 à 120 mètres, au milieu   effectuée à l’abri de l’oxygène de l’air. Cette
          de la molasse verte bitumineuse qui l’en­  hypothèse a été émise en Amérique, par
          serre de tous côtés. Ce gîte asphaltique est   M. Wall, pour expliquer la formation du
          limité par le ruisseau du Parc et celui de   bitume du Venezuela et de celui du lac de
          Pyrimont. Les trois bancs de calcaire bitu­  Poix, de la Trinité.
          mineux, dont l’épaisseur varie de 1 mètre à   M. Ilunt, chimiste américain, invoque, à
          10 ou 15 mètres, sont entremêlés de bancs   l’appui de cette hypothèse, la similitude de
          de calcaire blanc exempt de bitume. Ce    composition des bitumes et de la cellulose,
          calcaire blanc offre partout le même aspect,   c’est-à-dire de la trame dont se compose le
          tandis que le calcaire imprégné présente   tissu de tous les végétaux, quel que soit leur
          des différences considérables dans sa con­  état de simplicité ou de développement.
          texture et dans sa teneur en bitume.         M. Hunt a dressé un tableau qui permet
                                                     de comparer la composition des divers bitu­
                                                     mes et celle de plusieurs produits organi­
                                                     ques. Le lecteur appréciera quelle est la
                                                     limite de ces analogies, en jetant les yeux
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