Page 630 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

LE FROID ARTIFICIEL. 631

environ 1600 mètres de superficie. 11 est di­ les boissons fraîches que les acquajoli dé­
visé en quatre travées, percées chacune de bitent sur les places publiques, sont refroi­
larges ouvertures, qui rendent impossible dies par de la neige qu’on a recueillie pen­
tout encombrement à l’entrée et à la sortie dant l’hiver, sur la chaîne de montagnes
des voitures, en facilitant l’accès des portes, qui s’étend de Naples à Sorrente, ou dans
ou plutôt des orifices par lesquels on in­ les Apennins.
troduit la glace. Ces orifices, au nombre
de neuf, communiquent avec autant de
compartiments juxtaposés, qui peuvent con­
tenir chacun 1,000 mètres cubes de glace. CHAPITRE Vil
Un ascenseur est établi à chaque étage,
LE COMMERCE DE LA GLACE AUX ÉTATS-UNIS, EN FRANCE,
pour monter du rez-de-chaussée aux étages
EN ANGLETERRE, EN NORWÉGE ET EN SUISSE.
supérieurs, les produits à conserver. Un
railway contournant chaque galerie, sert à Le désir, bien naturel, des populations
transporter la glace vers l’ascenseur. Les des pays chauds, de se procurer des boissons
murs de la glacière sont creux, et l’inter­ fraîches, a fait naître le commerce de la
valle a été rempli de mousse et de sciure glace, qui, de peu d’importance, au commen­
de bois. 9 millions de kilogrammes de cement de notre siècle, met aujourd’hui
glace furent emmagasinés pendant l’hiver en mouvement des capitaux considérables.
de 1875. Cette glace provenait de sources C’est l’Amérique du Nord qui eut l’initia­
retenues dans des prairies, qui peuvent être tive de ce commerce. En 1805, un négo-
submergées à volonté. Mais le véritable | ciant de Boston, Frédéric Tudor, créa l’en-
approvisionnement de cette glacière sera ' treprise consistant à transporter par mer
fourni par la glace de la Norwége. des chargements de glace dans les pays
Les galeries, qui contournent la glacière, chauds. La guerre qui régnait alors entre
et dont la température est toujours de — les grandes puissances européennes, et dont
3°, sont installées de manière à pouvoir y le contre-coup se faisait sentir sur toutes les
suspendre 2,000 quartiers de viande. Un marines du monde, mit des entraves à
compartiment spécial est réservé au dépôt l’entreprise de Frédéric Tudor, qui dut se
des poissons. On peut aussi se servir de ces borner à envoyer ses navires à la Jamaïque
galeries comme dépôts pour les bières qui, et à la Martinique.
comme celles de Vienne et de Bavière, et A cette époque, d’ailleurs, on manquait,
comme la bière anglaise, exigent, pour leur dans les ports, de magasins disposés pour re­
conservation, une température glaciale. cevoir la glace, et les navires n’étaient pas
encore bien appropriés pour sa conservation.
Si la glace a manqué pendant l’hiver, on Enfin les procédés rationnels pour couper la
peut emmagasiner de la neige dans les gla­ glace, la charger et l’arrimer à bord des
cières. En l’arrosant avec de l’eau, et en la navires, n’avaient pas encore été trouvés.
comprimant fortement, pour en chasser l’air, Mais, une fois ces difficultés surmontées,
on obtient des blocs de 30 à 40 centimètres les exportations se firent régulièrement.
de côté, qui remplacent la glace. En 1815, au retour de la paix en Europe,
Dans les contrées méridionales où il ne les exportations de glace de Boston s’éten­
gèle pas pendant l’hiver, on fait venir de la dirent à l’île de Cuba et à la Nouvelle-
neige des montagnes, et on la conserve Orléans. En 1833, des navires chargés de
dans des glacières. A Naples, par exemple, glace allèrent, pour la première fois, dans