Page 604 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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LE FROID ARTIFICIEL. 605
dans lequel se fait la détente de l’air com de refroidissement, — la nécessité d’avoir
primé, il est placé dans un vase plein d'eau, des réservoirs d’une surface considérable
et cette eau se refroidit assez par le contact exigeant un emplacement approprié, ont
du réservoir de l’air détendu, pour se trans fait renoncer aux machines frigorifiques
former en glace. fondées sur l’expansion de l’air comprimé.
Les deux parties de la machine où l’air Il y a pourtant dans le principe du froid
est comprimé, puis dilaté, sont fixées aux produit par la détente de l’air comprimé
deux extrémités d’un même balancier, de une base scientifique si solide, que ce prin
sorte que leurs efforts se compensent, en cipe n’a pas été abandonné. On a appliqué
même temps que les résistances ou les frot le froid produit par la détente de l’air com
tements sont également contre-balancé. primé, au rafraîchissement des lieux habi
M. Windhausen construisit, en 1855, à tés, tels que lieux de réunion publique, ate
Brunswick, une machine à laquelle le public liers, usines, théâtres, gares de chemin de
allemand avait ajouté une assez grande fer, etc., dans lesquels la chaleur est into
confiance, et qui fournit, pendant quelque lérable pendant l’été.
temps, de la glace à l’industrie et à l’écono Al’Exposition universelle de 1867,1a ven
mie domestique. On trouve le dessin de cette tilation était produite par de l’air rafraîchi.
machine dans la traduction française du Lesappareils installéspar M. Mondésir injec
Traité de chimie technologique de Knapp (1). taient dans toutes les parties de l’édifice du
Nous nous contenterons de dire que l’ap Champ-de-Mars, de l’air refroidi par sa com
pareil se compose de trois parties princi pression, suivie de sa dilatation, d’après les
pales : la pompe à air, où s’opère la com dispositions réalisées dans l’appareil Wind
pression, puis la partie où s’opère la dila hausen.
tation du gaz; enfin le congélateur^ où on Ce même principe a été appliqué plus
utilise la basse température de l’air, pour récemment, par M. Paul Giffard, au rafraî
produire la congélation des liquides ou opé chissement de l’air dans les usines, les lieux
rer un refroidissement. habités, etc. On voyait en 1875, dans l’ex
Les inconvénients de ce genre de machine position des produits de l’industrie et de l’é
pour la production du froid résultent prin conomie domtesique, qui se fait pendant
cipalement de ce qu’il y a, pendant la com l’été de chaque année, à Paris, dans le Palais
pression de l’air, un dégagement de chaleur, de l’industrie, aux Champs-Elysées, une ma
c’est-à-dire l’effet précisément opposé à celui chine à vapeur qui comprimait de l’air dans
que l’on veut produire. Il faut commencer un vaste cylindre. L’air comprimé se déten
par refroidir l’appareil de compression, et, dant dans un autre cylindre, produisait un
pour cela, faire couler un courant d’eau grand abaissement de température. En effet,
froide autour du cylindre où l’air est com un thermomètre placé à l’orifice de sortie de
primé. C’est là toujoursune cause de dépense. l’air froid, descendait jusqu’à—10°.
La faible densité de l’air, qui oblige à en L’air ainsi considérablement refroidi
comprimer des quantités considérables, pour peut servir à abaisser la température de dif
obtenir un résultat sensible — la difficulté, férents espaces.
on pourrait dire l’impossibilité de pousser
la compression de l’air aussi loin qu’il le
faudrait pour obtenir une grande puissance
(I) Tome I", page 121, in-8°, Paris, 18Î2..