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INDUSTRIE DE L’EAU. 391
4es sciences de Toulouse nomma une com les diverses parties de la ville, par des con
mission pour examiner cette machine : duites en fonte renfermées dans de petites
c’était un chapelet à godets (noria), mû par galeries en maçonnerie, et sur lesquelles se
une roue à aubes qui lui transmettait le branchaient des conduites en plomb d’un
mouvement à l’aide d’un double engrenage. diamètre inférieur. Ce projet ne fut point
Les commissaires, MM. deGaripuy et d’Ar- agréé; on objectait principalement le trouble
quiner, s’occupèrent, non-seulement de l’é habituel des eaux de la Garonne, et l’insuf
lévation de l’eau, mais encore de sa distri fisance des moyens de clarification propo
bution dans la cité ; et, à ce sujet, ils firent sés. Sous ce rapport les eaux de l’Ardenne
le nivellement de ses points principaux. semblaient préférable ; l’administration ne
Ils pensèrent que 50 pouces d’eau étaient les perdait pas de vue. F. Lefèvre se rendit
nécessaires ; ils les élevaient à l’aide de deux sur les lieux; il y jaugea et y nivela les
des machines proposées, qu’ils plaçaient au- diverses sources. 11 trouva que celles dont
dessous de la digue du moulin du château, les eaux pouvaient être menées au delà du
au local occupé aujourd’hui par l’usine Ma- pont fournissaient environ 72 pouces d'eau;
zarin. Ils conduisaient l’eau destinée aux il proposa de les recueillir, et de les con
fontaines dans leurs puisards par un canal duire par deux petits aqueducs en maçonne
garni de matières filtrantes, de manière rie, qui se réuniraient à la Cipière, d’où elles
qu’elle y arrivât dépouillée de substances ter seraient menées dans un petit réservoir à la
reuses. Elle était ensuite portée à 42 pieds, place d’Assezat. Il les distribuait ensuite à
au haut de la tour du château renfermant quarante-sept fontaines.
les appareils ; et finalement elle était distri L’eau de source était don c toujours ici en
buée à sept fontaines placées sur les sept présence de l’eau de fleuve, comme il arrive
places principales, par des tuyaux de poterie si souvent. Cependant, malgré les avantages
renfermés dans de petits aqueducs, ou scel que semblait promettre la dérivation des
lés dans de la maçonnerie. La commission sources de l’Ardenne, la municipalité finit
estima la dépense à 133,180 francs. Brossard par y renoncer définitivement.
reçut une gratification de 600 francs, mais L’Académie des sciences de Toulouse fit de
rien ne fut exécuté. la question des eauxle sujet du prixàdécerner
Quelques années après, en 1761, un en 1783. Le programme était celui-ci : «Dé
étranger, François Lefèvre, frère cordelier, terminer les moyens les plus avantageux de
homme versé dans les constructions hydrau conduire dans la ville de Toulouse une quan
liques, qui venait d’établir à Narbonne une tité d’eau suffisante, soit des sources éparses
machine à élever les eaux, arriva à Tou dans le territoire de la ville, soit du fleuve
louse, appelé par les États de la province. qui baigne ses murs, pour fournir, en tout
11 présenta à l’administration un projet temps, dans les différents quartiers, aux be
pour les fontaines. 11 établissait encore soins domestiques, aux incendies, à l’arro
au local de Mazarin, une machine con sement des rues, des places, des quais et des
sistant en une roue à aubes qui menait qua promenades. »
tre pompes de 10 pouces de diamètre, à La valeur du prix, pour l’auteur du Mé
l’aide desquelles il élevait 147 pouces à moire où la question aurait été résolue do
57 pieds de hauteur. Cette eau élait versée lamanière la plus convenable, était de 1,000
dans un grand réservoir, où elle se clarifiait francs. L’administration municipale, vou
par le repos, et d’où elle était ensuite distri lant contribuer à exciter l’émulation des sa
buée à quarante-sept fontaines établies dans vants et des artistes, y ajouta2,400 francs. Au-