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394                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                      1867 à 1871. Nous en donnerons une idée   quatre sources qui ont permis de procurera
                      rapide.                                   la ville de Lille toute Ja quantité d’eau po­
                        Les eaux de source et de puits de l’inté­  table nécessaire pour les usages domesti­
                      rieur de la ville avaient suffi aux habitants   ques et industriels. Ces quatre sources
                      de Lille jusqu’à l’année 1867. Mais dans cer­  sont : 1° celle du flot de Wingles, donnant,
                      tains quartiers l'eau avait un goût très-désa­  par 24 heures, 10,000 mètres cubes d’eau-
                      gréable de fer ou de soufre. D’ailleurs, elle   2° celles de Seclin, donnant, par 24 heures,
                      était excessivement chargée de sels calcaires,   un produit de 10,700 mètres cubes; 3°cel­
                      et contenait des sulfates en proportion nui­  les de Billaut et de Guermanez, donnant
                      sible. Enfin presque partout on constatait   5,000 mètres cubes ; 4° la source de la Cres­
                      une grave altération, par suite d’infiltrations   sonnière, donnant 1,650 mètres cubes d’eau
                      diverses dans les terrains très-perméables  i par 24 heures. D’autre part, on a pu faire
                      qui se trouvaient en contact avec cette eau,  i arriver, dans le canal-aqueduc, une quan­
                      et l’on sait que, dans ce cas, la présence des   tité d’eau souterraine représentant 12,650
                      matières organiques offre de grands dan­  mètres cubes d’eau.
                      gers pour la santé.                         En résumé, c’est un total de 40,000 mè­
                        D’un autre côté, les aspirations d’eaux   tres cubes d’eau que fournissent toutes ces
                      pour les usines dans les nappes souterrai­  sources, et en hiver leur produit s’élève à
                      nes, avaient pris un tel développement, que   45,000 mètres cubes. La population de
                      les pompes de beaucoup de ménages ne four­  Lille étant de 155,000 âmes, ces chiffres
                      nissaient plus d’eau pendant la marche des   représentent une ressource journalière de
                      machines, et qu’un certain nombre d’usines   176 litres par habitant.
                      manquaient elles-mêmes d’eau vers la fin de   Examinées parM. Girardin et par M. Meu-
                      la journée.                               rein, les eaux publiques de Lille ont été re­
                        Au point de vue de l’hygiène,il impor­  connues d’une très-grande limpidité et de
                      tait donc de procurer aux habitants de Lille   très-bon goût. Elles sont beaucoup moins
                      une distribution d’eau potable, et, au point   incrustantes que celles de la Deûle.
                      de vue de l’industrie, il fallait rassembler   Le produit de chaque source est recueilli
                      un volume suffisant pour qu’on pût fournir   dans un aqueduc, dit rigole alimentaire, qui
                      aux usines les appoints dont elles avaient   s’embranche sur l’aqueduc collecteur, dit
                      besoin.                                   conduite principale d'amenée, lequel vient
                        Dans la crainte de ne pas trouver une   emmagasiner toutes les eaux dans un réser­
                      quantité d’eau potable suffisante à la fois   voir situé à Emmerin, au pied du long
                      pour les usages domestiques et industriels,   versant méridional du monticule de T Ar­
                      on avait d’abord pensé à desservir les usi­  brisseau.
                      nes au moyen d’une large prise d’eau à la   De puissantes machines, installées près
                      rivière de la Deûle. Mais le conseil muni­  de ce réservoir, servent à pomper les eaux
                      cipal abandonna ce système, qui aurait en­  et à les refouler dans un réservoir supé­
                      traîné de nouveaux réservoirs, de nouvelles   rieur, placé au sommet de l’Arbrisseau.
                      machines, plusunedouble canalisation dans   La elles atteignent l’altitude de 50 mètres, cl
                      un grand nombre de rues, c’est-à-dire une   exercent une pression d’environ trois atmo­
                      très grande dépense. D’ailleurs, l’eau de la   sphères sur tout le réseau de la distribution
                      Deûle est infectée par les déjections du tra­  intérieure.
                      vail industriel.                            La construction de l’aqueduc qui amène à
                        On trouve à Bénifontaine (Pas-de-Calais)   Lille les eaux de sources a présenté peu de
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