Page 392 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 392
392 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
cnn des mémoires qui furentenvoyésn’ayant de sables, qui avaient l’avantage de four
rempli les vues de T Académie, elle proro nir une quantité d’eau considérable dans
gea le terme du concours jusqu’en 1785 un espace de temps très-court, et de pouvoir
mais encore à cette époque aucun des ou se nettoyer facilement par le cours de la ri
vrages reçus ne fut jugé digne du prix. vière renversée de sa direction.
La ville de Toulouse aurait été privée Les filtres naturels de Toulouse ont fait
pour longtemps encore du bienfait d’une époque dans l’art de l’hydraulique. Ce svs-
distribution d’eaux publiques sans une cir tème, réalisé à Toulouse pour la première
constance qui vint lever l’obstacle principal, fois, en 1825, fut adopté bientôt dans plu
c’est-à-dire les dépenses qu’il y avait à faire. sieurs distributions d’eaux en France et en
En 1789, un ancien capitoul de Toulouse, d’autres villes de l’Europe. Nous avons dé
Charles Lagane, légua à la ville une somme crit, dans le chapitre consacré à la filtration
île 50,000 francs « pour y introduire des naturelle, les filtres de la Garonne, à Tou
eaux de la Garonne, pures, claires et agréa louse (page 245). Nous n’avons pas, en con
bles à boire, en un mot, dégagées de toutes séquence, à y revenir, et quelques mots
saletés, afin que les habitants puissent la suffiront pour faire connaître le mode d’ins
boire toute l’année, et, dans le cas où cela tallation actuelle de ces filtres, ainsi que la
ne se pourrait pas, pour y conduire les eaux | distribution de l’eau de la Garonne dans la
des fontaines voisines. » Ce legs ne devait ville de Toulouse.
être exigible qu’après le décès de madame Dans la prairie située entre le cours Dillon
Lagane ; mais, « si dix ans après la mort de ' et la Garonne, c’est-à-dire dans la prairie
mon héritière, ajoutait le testateur, les ad dite des filtres, sont disposées des galeries
ministrateurs n’ont pas entièrement terminé souterraines, composées de bancs naturels
la conduite des eaux dans la ville, je révo remplis de sable et de cailloux, destinés à
que mon legs. » clarifier l’eau de la Garonne. L’eau, clarifiée
Madame Lagane mourut en 1847, et l’ad par son passage à travers ces filtres, se rend
ministration municipale se vit contrainte, dans les puisards ou réservoirs du château
pour ne pas perdre les 50,000 francs qui lui d’eau, d’où les pompes aspirantes et fou
avaient été légués, de s’occuper sérieuse lantes d’Abadie, mises en mouvement par
ment de l’établissement de fontaines publi les eaux de la Garonne, la font monter dans
ques. Divers projets furent proposés. Après des tuyaux en fonte, jusqu’à la cuvette su
de. nombreuses discussions, on adopta la périeure, placée au second étage de la tour.
machine hydraulique à roues présentée par Arrivée à cette hauteur, l’eau redescend
un mécanicien, nommé Abadie. dans d’autres tuyaux jusqu’au niveau de la
Maguès, ingénieur de travaux de la ville, terrasse, à laquelle aboutit le petit pont dont
qui avait beaucoup étudié cette question, l’extrémité s’appuie sur le cours Dillon, et
fut chargé de la conduite des travaux. de là elle se distribue dans tous les quar
Virebent, architecte de la ville, s’occupa de tiers de la ville.
la construction du château d’eau et de l’in Le château d’eau de Toulouse (fig. 170) peut
stallation des machines. Enfin d’Aubuisson fournir près de 5 millions de litres d’eau
de Voisins, ingénieur du département, par par vingt-quatre heures. Malheureusement,
une longue suite de tâtonnements, arriva à quand la Garonne déborde, elle obstrue les
réaliser la filtration des eaux de la Garonne filtres et empêche les machines de fonction
sur ses bords mêmes, dans trois immenses ner. Alors, les fontaines de la ville ne don
galeries filtrantes composées de galets et nent plus d’eau. Dans la terrible inonda-