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388 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
Marseille compte aujourd’hui sur les pla conduites et des robinets, alimentent les
ces publiques, 12 fontaines monumentales. concessionnaires.
L’eau y jaillit ordinairement du milieu des Malheureusement, les dépôts boueux lais
arbustes etdes fleurs.Elle possède300 bornes- sés par l’eau de la Durance, qui n’a pu subir
fontaines et 1,700 bouches d’arrosage, au aucune épuration autre que celle du dépôt
moyen desquelles le cantonnier lance trois dans le bassin de Réaltor, salissent les bas
fois par jour des gerbes de 30 mètres d’ampli sins et les fleurs; cette eau blanche et li
tude, qui mouillent jusqu’aux plus hautes moneuse répugne dans une demeure somp
branches des platanes. La nuit, les bouches tueuse. La ville, qui vend cette eau, doit donc,
d’arrosage versent l’eau aux ruisseaux et les pour atténuer les plaintes, tolérer les abus.
lavent : puis, le courant se rend aux égouts. Les 2,500 litres vendus pour l’arrosage de
Ces bouches, consacrées à l’arrosage, ne viennent 3,000 litres et les 200 litres vendus
versent que de l’eau trouble, presque blan j pour l’écoulement continu se changent en
che, et qui, parfois, passe au rouge et au 500 litres. Voilà 2,500 litres absorbés sur
noir, suivant le torrent dont la crue a rem 4,500 ; le reste va aux services divers, aux
pli la Durance. puisages pour les maçonneries de construc
Quand elle a été filtrée, l’eau est trcs- tions ,à l’arrosage des voies publiques de la
agréable à boire, très-douce, puisqu’elle banlieue: car le propriétaire de la bastide
marque 18° à l’hydrotimètre, et 100 litres marseillaise se plaint aujourd’hui s’il ren
sont régulièrement concédés au particulier contre la poussière en chemin ! (h/ante/m
par abonnement et coulent par 4,000 prises ; mutatus ab illo !
Mais comme les troubles consistent en un Les environs de Marseille sont découpés
sable argileux (/a nite) qui use les robinets en mille propriétés d’agrément, d’impor
et déforme les diaphragmes, il n’y a pas de tance très-variable. On y trouve, avec la villa
jauge possible. Quelques particuliers pren du négociant, la bastide du commerçant
nent vingt fois ce qu’ils devraient avoir. Les et celle du simple ouvrier. En outre, les
100 litres d’abonnement normal deviennent, terrains maraîchers, où l’on cultive des lé
dit-on 1,000 litres, qu’il faut laisser gaspil gumes, abondent, et l’on commence même
ler, pour ne pas être envahi par les récla à voir des prairies où l’on nourrit des vaches
mations. En somme, le service public ob laitières, et où l’on récolte des foins. Le ter
tient 1 mètre cube d'eau et le service privé rain se vendant au mètre carré, ce qui donne
autant, l’appoint jusqu’à 250 mètres cubes une idée de sa valeur, chacun achète en
répond à des conduites qui sortent de la raison de la proximité, de la beauté du site,
ville. des facilités d’arrosage. Quand la terre vé
Passons au service des eaux dans la ban gétale manque, on en apporte à grands frais;
lieue. Les eaux, dans le territoire qui envi on y ajoute le fumier et l’eau, et l’on se hâte
ronne Marseille, sont livrées de deux façons: de jouir du bonheur de créer de la verdure et
1° comme eaux périodiques ou d'arrosage, de l’ombre, sur ce sol naguère aride et dessé
c’est-à-dire par rotation de trois heures tous ché, de créer une oasis dans ce sahara de la
les trois jours, et servant à arroser les prai 1 Provence. C’est par la prairie qu’on com
ries et les jardins ; 2° comme eaux continues, mence. Le sol, toujours accidenté, est sil
coulant sans intermittence, pour les usages lonné par des rigoles de niveau, d’où l’eau
domestiques de l’habitation et de la décora descend en ruisselant, de l’une à l’autre
tion des parcs. Dans le premier cas, des ri rigole. Avec la prairie, paraissent les lignes
goles et des vannes; dans le second, des de peupliers, les allées de platanes; puis