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390 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
toujours restés en présence, et, se faisant d’eau à la place Rouaix et autres lieux in
échec l’un à l’autre, avaient empêché de diqués au devis. On lui donnait encore
rien exécuter. Ce ne futqu’après deux autres 2,000 livres par chaque pouce d’eau qu’il
siècles de discussions, et par la nécessité de amènerait en sus. 4,000 francs lui furent
prendre enfin un parti, que l’on se décida comptés, et l’on commença les travaux. Mais
a se contenter des eaux de la Garonne. Un ils furent mal exécutés ; bientôt ils furent
système de filtration naturelle de l’eau à suspendus, puis abandonnés.
travers les matériaux du fleuve, réalisé après Cinq ans après, un Marseillais proposa
de longs tâtonnements, contribua surtout à de porter 3 pouces d’eau de la Garonne au
assurer la préférence à ce dernier sys delà du pont, à l’aide d’un aqueduc. Il de
tème. mandait 8,000 livres, et il se chargeait de
Le récit des tentatives faites avant l’exé l’entretien pendant dix ans, moyennant
cution du projet de 1823 présente beaucoup 130 livres par an. Son offre fut acceptée,
d’intérêt. D’Aubuisson de Voisins en a pu et l’on mit la main à l’œuvre ; mais, cette
blié, dans les Mémoires de l’Académie royale fois encore, le succès ne répondit pas à l’at
des sciences, inscriptions et belles-lettres de tente. On ne put faire parvenir qu’un demi-
Toulouse (1) un long exposé, dont nous pouce d’eau au delà du fleuve. N’ayant pu
donnerons quelques extraits. mener l’eau dans l’intérieur de la ville,
on se restreignit à ce faubourg et l’on alloua
Jusqu’au xvne siècle, Toulouse s’était con 3,000 francs à l’entepreneur, à la charge
tentée de la dérivation de quelques sour d’y entretenir ces trois pouces d’eau.
ces voisines de son enceinte. Mais la pénu Les mécomptes que l’on avait éprouvés ne
rie d’eau devint telle, à cette époque, que découragèrent pas. L’administration muni
les capitouls, c’est-à-dire les magistrats mu cipale décida, en 1684, que les eaux de la
nicipaux, furent contraints de s’occuper source des Ardennes seraient menées dans
sérieusement de fournir une eau plus abon la ville à l’aide d’un grand aqueduc porté
dante aux 30,000 âmes qui formaient alors sur des arceaux, et l’on commença à creuser
la population de leur ville. le grand réservoir dans lequel elles devaient
En 1612, un Italien vint proposer d’éle d’abord se réunir. Mais bientôt quelques
ver, à l’aide de machines, les eaux de la personnes prétendirent qu’il valait mieux
Garonne, et de les distribuer dans toute la élever les eaux de la Garonne, et les laisser
ville. Son projet ne fut pas agréé, tant à séjourner pendant quelque temps dans un
cause de la dépense considérable qu’il eût grand bassin, où elles déposeraient les ma
entraînée, que parce que les eaux de ce fleuve tières terreuses qui en altéraient la limpi
sont troubles pendant la plus grande partie dité. On nomma des commissaires pour exa
de l’année. miner ces divers projets ; et, comme il
En 1677, on proposa d’amener à Toulouse n’arrive que trop souvent, pour concilier
la source des Ardennes. Des hommes versés des opinions ou prétentions contraires, on ne
dans les travaux hydrauliques furent con fit rien. De longtemps il ne fut plus question
sultés, et le projet, ainsi que le devis des ou de la conduite des eaux de l’Ardenne.
vrages à faire, fut dressé. L’entrepreneur, En 1730, un Flamand, nommé Brassard,
moyennant une somme de quarante mille présenta aux capitouls le modèle d’une ma
livres, se chargeait de conduire 23 pouces chine propre à élever les eaux de la Garonne
aune hauteur suffisante pour être ensuite
(1) Tome I, lre partie, in-8. Toulouse, 1830. distribuées dans toute la ville. L’Académie