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INDUSTRIE DE L’EAU.                                363

        apporter des perfectionnements devenus in­  En septembre 1804, la machine, ainsi
        dispensables. Mais on ne put réussir à re­  disposée, fut mise en marche. Les eaux
        mettre le monstre hydraulique en bon état.  s’élevèrent d’un seul jet jusqu’à l’aque­
          Pendant près d’un siècle la machine de   duc, et l’on constata que l’on obtenait ainsi
        Marly fut abandonnée. Elle fut même un    deux fois plus d’eau qu’avec l’ancien sys­
        moment vendue, puis rachetée. Elle était   tème.
        finalement au moment d’être démolie, lors-   Cependant le projet de Brunet ne fut pas
        qu’en 1803, Napoléon Ier, s’occupant de   exécuté dans son entier. On ne s’occupa
        relever Versailles de ses ruines, porta son   point à transformer de la même manière les
        attention sur ce monument délabré. 11 le   treize autres roues. C’est que les frères Per-
        trouva dans l’état le plus déplorable. La   rier, les constructeurs de la pompe à feu de
        machine de Marly n’élevait plus que 240 mè­  Chaillot, s’étaient présentés annonçant qu’ils
        tres cubes d’eau par vingt-quatre heures.  élèveraient l’eau avec deux machines à va­
          Une commission nommée par le ministre   peur.
        pour examiner les moyens propres à amé­     Les travaux commencèrent sous la direc­
        liorer la machine de Marly, proposa de la   tion des frères Perrier, mais ils ne tardèrent
        détruire et d’établir de nouvelles pompes   pas à être abandonnés. Un autre système de
        disposées de manière à élever d’un seul jet   machine à vapeur fut adopté. Sur le rap­
        600 pouces d’eau de la Seine à une hauteur   port d’une Commission composée d’ingé­
        de 83 mètres. On aurait employé une partie   nieurs et de membres de l’institut, on arrêta
        de cette eau à mettre en mouvement une    définitivement le projet d’une machine à
        seconde roue qui aurait élevé 30 pouces d’eau   vapeur très-différente de celle de Perrier.
        jusque dans la cuvette de l’aqueduc de Marly.   Cependant, comme l’exécution de cette
        C’était l’ancien système restauré.        machine à vapeur demandait un temps as­
          Un arrêté des consuls ordonna la cons­  sez considérable, et que l’ancienne distri­
        truction de cette nouvelle machine, qui   bution devenait de plus en plus insuffisante,
        fut même adjugée. Mais son exécution fut   les constructeurs firent adapter à deux des
        abandonnée, à la suite d’une proposition   anciennes roues des pompes disposées dans
        nouvelle qui démontra que l’on pourrait ré­  un système analogue à celui de Brunet. Ce
        soudre le problème d’une manière plus sa­  système nouveau fut mis en marche pour la
        tisfaisante. Un entrepreneur de charpente,   première fois en 1817, et il fonctionna jus­
        nommé Brunet, proposa d’élever les eaux   qu’en 1838. Les deux roues de l’ancienne
        cf’zm seul jet, au sommet de la tour de Marly.   machine suffisaient pour assurer le service,
        C’est ce que l’on n’avait jamais osé tenter   lorsque les eaux de la Seine se trouvaient à
        jusque-là, parce que l’on craignait la rup­  un niveau favorable pour la marche de ses
        ture des tuyaux.                          roues. La machine à vapeur était mise en
          Le projet de Brunet ayant été approuvé,   marche lorsque la machine hydraulique
        une des roues fut mise à sa disposition. 11   était arrêtée ou lorsqu’elle ne suffisait pas
        monta sur un arbre de couche deux mani­   aux besoins de la consommation de la ville
        velles, au moyen desquelles il mit en mou­  de Versailles. Cette machine à vapeur était
        vement quatre pompes aspirantes et fou­   d’un grand secours, puisqu’elle pouvait four­
        lantes. L’eau refoulée servait à comprimer   nir à elle seule environ 1,800 mètres cubes
        de l’air dans un réservoir, afin d’obtenir   d’eau en vingt-quatre heures, c’est-à-dire
        un mouvement régulier d’ascension dans la   près des deux cinquièmes du volume né­
        conduite.                                 cessaire, seulement elle consommait une
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