Page 370 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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L’air, refoulé dans tous les appareils, est   appuyées sur le sol, jusqu’à l’aqueduc de
                     amené dans un tube à l’intérieur du réser­  Marly. Arrivées au pied de l’aqueduc, qui
                     voir. 11 y acquiert une pression de 16 à 17   n’a pas moins de 6,200 mètres de long, les
                     atmosphères, c’est-à-dire un peu supérieure   eaux s’élèvent verticalement dans la con­
                     à celle de l’eau dans la conduite générale.  duite jusqu’à son sommet, et le parcourent
                       Celle-ci est en communication directe   dans une cuvette en plomb placée sur son
                     avec les réservoirs d’air par des tuyaux pas­  couronnement. Parvenue à l’extrémité de
                     sant sous la voûte, et venant s’assembler   l’aqueduc, l’eau pénètre dans un tuyau
                     sur une tubulure ménagée à chacun des     placé sous terre, et qui, se recourbant en
                     petits réservoirs intermédiaires en tôle.  siphon, la conduit à Versailles, aux réser­
                       La prise d'eau par les pompes a été ins­  voirs des Deux-Portes.
                     tallée avec des précautions toutes particu­  L’aqueduc de Marly est sans doute très-
                     lières. Le bâtiment des pompes est placé en   monumental, mais il est tout à fait super­
                     travers de la Seine. Entre chacune des six   flu, au point de vue hydraulique. Il y au­
                     galeries, de 4m,50 de largeur, qui reçoivent   rait avantage à le supprimer et à établir
                     les roues et leur vannage, on a ménagé,   une conduite qui irait de la chambre des
                     ainsi que vers les deux extrémités, huit ca­  roues motrices de la machine de Marly aux
                     naux destinés à laisser arriver l’eau néces­  réservoirs de Versailles. On ne le conserve
                     saire à l’alimentation de toutes les pompes,   que par l’intérêt qu’il présente comme monu­
                     lesquelles sont placées directement au-   ment historique, comme rappelant, par son
                     dessus. Leurs tuyaux d’aspiration y descen­  côté architectural, le siècle de Louis XIV ;
                     dent par des ouvertures rectangulaires ména­  mais au point de vue des services réels qu’il
                     gées, à cet effet, dans l’épaisseur des voûtes.  rend, comme conduite d’eau, l’aqueduc de
                       Ces canaux, traversant le bâtiment d’outre   Marly est plus nuisible qu’utile. Sans sup­
                     en outre, laisseraient s’écouler un volume   primer ce joli monument architectural, qui
                     d’eau qui affaiblirait considérablement la   semble faire partie du paysage sur le coteau
                     chute s’ils n’étaient fermés en aval par une   de Marly, on pourrait le retirer du service
                     vanne qui maintient le niveau du liquide.   actif et le remplacer par une conduite de
                     En amont, il existe une vanne semblable, et   fonte, facile à visiter, à entretenir et à répa­
                     devant celle-ci une grille, qui ne permet   rer. Ce n’est peut-être pas l’avis des pein­
                     pas aux herbes ou autres matières étran­  tres ni des habitants du pays, mais c’est
                     gères charriées par le fleuve, de pénétrer   l’opinion des ingénieurs.
                     dans le canal de prise d’eau.
                       Un mécanisme très-facile à manœuvrer,
                     est appliqué à l’intérieur du bâtiment, pour
                     manœuvrer ces vannes. 11 se compose d’une           CHAPITRE XXXIX
                     vis et d’un écrou muni d’une roue à rochet
                                                               LES EAUX DE LYON. — HISTOIRE DES TRAVAUX RELATIFS
                     à double encliquetage que l’on met en jeu   A LA DISTRIBUTION DES EAUX POTABLES DANS LA VILLE
                     à l’aide d’un levier. Ce double encliquetage   DE LYON. — EXÉCUTION DU PROJET DE M. ARISTIDE
                     avec arrêt en sens inverse, permet de main­  DUMONT RELATIF AU DISTRIBUTION DE L’EAU DU RHO­
                                                                 NE FILTRÉE. — DESCRIPTION DU SERVICE ACTUEL DES
                     tenir la vanne à toutes hauteurs, soit qu’on
                                                                 EAUX DU RHONE, A LYON.
                     veuille la soulever, soit qu’on veuille la
                     faire descendre.                            Jusqu’à la fin du siècle dernier, Lyon fut
                       De la chambre des roues partent deux    très-mal approvisionnée en eaux potables.
                     conduites de fonte, qui montent à découvert,   Bien que le Rhône, dont l’eau est excellente,
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