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370 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
1832, une distribution partielle d’eau du tant en cela les Romains qui avaient con
Rhône fut établie, comme essai, dans quel duit à Lyon, par l’aqueduc du mont Pila, les.
ques quartiers de la division du nord. 11 n’y sources qui sortent de cette montagne.
eut donc qu’une bien petite partie de la Dupasquier écrivit, pour faire adopter son
ville qui jouît de cette amélioration ; encore projet, un mémoire remarquable, et surtout
est-il nécessaire d’ajouter que l’eau non son beau livre, Des eaux de source et des eaux
rafraîchie en été, toujours plus ou moins de rivière (1), dont nous avons parlé dans
trouble, puisqu’elle n’était pas filtrée, pré la première partie de celte Notice. Mais
sentait de très-notables inconvénients pour il ne put réussir à faire prévaloir ses idées.
les différents emplois auxquels elle était M. Aristide Dumont, ingénieur d’un
destinée. grand mérite, avait présenté au Conseil mu
En 1833, T Académie des sciences de Lyon nicipal de Lyon un projet qui consistait à
proposa de nouveau cette question, formu utiliser les eaux du Rhône comme eaux po
lée en ces termes : Indiquer le meilleur tables, en les épurant par la filtration na
moyen de fournir à la ville de Lyon les eaux turelle à travers les sables du Rhône. Ce
nécessaires pour l'usage de ses habitants, pour projet fut adopté par la ville de Lyon, de
l'assainissement de la ville et les besoins de préférence à celui de Dupasquier. Un traité
! industrie lyonnaise. fut conclu le 8 août 1853, entre M. Aristide
Le prix fut obtenu par Thiaffait, qui pro Dumont, auteur du projet, et la ville de
posait d’amener à Lyon les eaux de source Lyon.
de la rive gauche de la Saône, et de dériver Aux termes de ce traité, la Compagnie
particulièrement les principaux cours d’eau s'obligeait :
du territoire de Roye. Thiaffait se fondait sur 1° A puiser dans le Rhône les eaux à dis
cette idée qu’il y aurait de l’inconséquence à tribuer, à les clarifier au moyen de filtres
demander à des moteurs créés et entretenus naturels, et à les livrer à la consommation,
à grands frais, des eaux que l’on peut obtenir à raison de 20,000 mètres cubes par jour;
par leur simple écoulement naturel. 2° A entretenir à ses frais les bornes-
En résumé, il fallait à la ville de Lyon fontaines pour l’usage public;
une distribution continue et considérable 3° A alimenter les fontaines monumen
d’eau fraîche et limpide. Mais à quel sys tales que la ville jugerait convenable de
tème devait-on s’arrêter, car Lyon est assez faire construire ;
favorisé par la nature, pour avoir à choi 4° A pratiquer à fleur du sol, et à réqui
sir entre les eaux de rivière et les eaux sition de l’autorité, des bouches destinées
de source? Élèverait-on l'eau du Rhône à l’arrosage de la voie publique ;
après l’avoir filtrée, ou bien amènerait-on, 5°A établir un réseau de conduites de dis
par un canal de dérivation, les sources de tribution sur un parcours total d’au moins
la rive gauche de la Saône ? Thiaffait, nous 78 kilomètres;
venons de le dire, se prononçait pour ce 6° A exécuter un système complet d’é
dernier projet. gouts souterrains dont le développement
Alphonse Dupasquier, chimiste et méde pourrait être porté à 20,000 mètres ;
cin d’un grand mérite, s’occupa, avec la 7° A terminer, dans l’espace de quatre
plus grande ardeur, dès l’année 1840, de ans, tous les travaux qui viennent d’être
faire adopter le projet de Thiaffait, consis spécifiés.
tant à dériver à Lyon les eaux des sources
situées sur la rive gauche de la Saône, imi (1) 1 vol. in-8. Lyon et Paris, 184S.