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INDUSTRIE DE L’EAU.


                                                  le sable et s’accumulent dans des bancs
                    CHAPITRE XL                   de rocher calcaire argileux, où elles for­
                                                  ment un vaste réservoir. 11 y a des sources
                 LES EAUX DE BORDEAUX.
                                                  au fond de toutes les petites vallées des
          La ville de Bordeaux a imité Paris pour   environs de Bordeaux et jusque dans la
        son alimentation en eaux potables. Bien que I  ville, partout où le rocher se montre à dé­
        traversée par la Gironde, elle est allée   couvert. Mais dans la ville même, dont le
        recueillir, à 10 ou 12 kilomètres de dis- i  sol s’est élevé de 3 mètres depuis l’épo­
        tance, une abondante provision d’eau de ;  que gallo-romaine, les anciennes sources
        sources. Aujourd hui, Bordeaux possède une |  ont été étouffées ou sont devenues des puits.
        fourniture d’eau qui peut être citée comme   Avant 1858, les quartiers bas du centre
        un modèle, par l’abondance et la pureté de j  de la ville étaient pourvus de quelques fon­
        l’eau, et par l’excellent système qui a con­  taines alimentées par la source d’Arlac, qui
        sisté à établir sur toute la surface de la   émerge à 4 kilomètres de Bordeaux, au-
        ville des bouches d’eau spéciales destinées   dessus du village du Tondu, près d’un af­
        à l’alimentation des pompes à incendie.   fluent du Peugue. Les eaux étaient conduites
          La dérivation des eaux de source qui ali­  jusqu’à la ville dans des tuyaux en poterie, et
        mentent la ville de Bordeaux, a été exé­  circulaient ensuite dansdes tuyauxenplomb.
        cutée de 1853 à 1857, sous la direction de   Elles passaient pour excellentes. La ville en
        M. Mary, ingénieur en chef des ponts et   a fait don à l’hospice général de Pélegrin.
        chaussées, plus tard inspecteur général à   La distribution de cette source, au siècle
        Paris, et l’un des maîtres dans cet art, et   dernier, fut un grand bienfait; elle ne donne
        de M. Devanne, ingénieur des ponts et     cependant pas plus de 4 litres par se­
        chaussées.                                conde.
          Pour donner une idée exacte de la dis­    Sous le premier Empire on distribua, le
        tribution d’eau de Bordeaux, nous donne­  long des quais et dans le quartier des Char-
        rons ici des extraits d’une Notice descrip­  trons, les eaux de la Font de l'or, source
        tive sur la distribution d'eau de Bordeaux,   connue depuis longtemps et située au pied
        qui a été rédigée en 1869, par M. Lancelin,   de l’église Saint-Michel. Elles furent éle­
        ingénieur des ponts et chaussées, qui était,   vées au moyen d’une pompe à manège.
        à cette époque, chargé du service munici­  Ces eaux étaient déjà fort altérées par les
        pal de Bordeaux. Les détails que cette No­  infiltrations dont le sol s’imprègne dans les
        tice renferme nous ont paru dignes d’in­  lieux habités. 11 ne reste de cette époque
        téresser nos lecteurs. C’est donc une par­  que la fontaine du quai de la Grave. La
        tie de la Notice de M. Lancelin que nous   source se perd actuellement dans la Gi­
        nous bornerons à reproduire dans ce cha­  ronde.
        pitre.                                      D’autres sources de peu d’importance,
                                                  comme la fontaine Daurade, la fontaine Bou-
          L’eau mise en distribution à Bordeaux   quière, la fontaine d’Audége, ont également
        est fournie, dit M. Lancelin, par des sour­  disparu. Quelques autres d’un faible déoii,
        ces qui sortent du rocher, dans les com­  comme les fontaines de Figuereau, Lagrange
        munes d’Eyzines, du Taillan et de Saint-   et Tivoli, ont été longtemps distribuées au
        Médard, à dix ou douze kilomètres à l’ouest   moyen de tonnes qui parcouraient toute la
        de Bordeaux. Ces sources sont alimentées   ville. Deux cruches d’eau de dix litres se
        par les eaux pluviales qui filtrent à travers   vcndaientcinq centimes. Quelques habitants
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