Page 377 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU.
le sable et s’accumulent dans des bancs
CHAPITRE XL de rocher calcaire argileux, où elles for
ment un vaste réservoir. 11 y a des sources
LES EAUX DE BORDEAUX.
au fond de toutes les petites vallées des
La ville de Bordeaux a imité Paris pour environs de Bordeaux et jusque dans la
son alimentation en eaux potables. Bien que I ville, partout où le rocher se montre à dé
traversée par la Gironde, elle est allée couvert. Mais dans la ville même, dont le
recueillir, à 10 ou 12 kilomètres de dis- i sol s’est élevé de 3 mètres depuis l’épo
tance, une abondante provision d’eau de ; que gallo-romaine, les anciennes sources
sources. Aujourd hui, Bordeaux possède une | ont été étouffées ou sont devenues des puits.
fourniture d’eau qui peut être citée comme Avant 1858, les quartiers bas du centre
un modèle, par l’abondance et la pureté de j de la ville étaient pourvus de quelques fon
l’eau, et par l’excellent système qui a con taines alimentées par la source d’Arlac, qui
sisté à établir sur toute la surface de la émerge à 4 kilomètres de Bordeaux, au-
ville des bouches d’eau spéciales destinées dessus du village du Tondu, près d’un af
à l’alimentation des pompes à incendie. fluent du Peugue. Les eaux étaient conduites
La dérivation des eaux de source qui ali jusqu’à la ville dans des tuyaux en poterie, et
mentent la ville de Bordeaux, a été exé circulaient ensuite dansdes tuyauxenplomb.
cutée de 1853 à 1857, sous la direction de Elles passaient pour excellentes. La ville en
M. Mary, ingénieur en chef des ponts et a fait don à l’hospice général de Pélegrin.
chaussées, plus tard inspecteur général à La distribution de cette source, au siècle
Paris, et l’un des maîtres dans cet art, et dernier, fut un grand bienfait; elle ne donne
de M. Devanne, ingénieur des ponts et cependant pas plus de 4 litres par se
chaussées. conde.
Pour donner une idée exacte de la dis Sous le premier Empire on distribua, le
tribution d’eau de Bordeaux, nous donne long des quais et dans le quartier des Char-
rons ici des extraits d’une Notice descrip trons, les eaux de la Font de l'or, source
tive sur la distribution d'eau de Bordeaux, connue depuis longtemps et située au pied
qui a été rédigée en 1869, par M. Lancelin, de l’église Saint-Michel. Elles furent éle
ingénieur des ponts et chaussées, qui était, vées au moyen d’une pompe à manège.
à cette époque, chargé du service munici Ces eaux étaient déjà fort altérées par les
pal de Bordeaux. Les détails que cette No infiltrations dont le sol s’imprègne dans les
tice renferme nous ont paru dignes d’in lieux habités. 11 ne reste de cette époque
téresser nos lecteurs. C’est donc une par que la fontaine du quai de la Grave. La
tie de la Notice de M. Lancelin que nous source se perd actuellement dans la Gi
nous bornerons à reproduire dans ce cha ronde.
pitre. D’autres sources de peu d’importance,
comme la fontaine Daurade, la fontaine Bou-
L’eau mise en distribution à Bordeaux quière, la fontaine d’Audége, ont également
est fournie, dit M. Lancelin, par des sour disparu. Quelques autres d’un faible déoii,
ces qui sortent du rocher, dans les com comme les fontaines de Figuereau, Lagrange
munes d’Eyzines, du Taillan et de Saint- et Tivoli, ont été longtemps distribuées au
Médard, à dix ou douze kilomètres à l’ouest moyen de tonnes qui parcouraient toute la
de Bordeaux. Ces sources sont alimentées ville. Deux cruches d’eau de dix litres se
par les eaux pluviales qui filtrent à travers vcndaientcinq centimes. Quelques habitants