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380                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                    dans les faubourgs en ; d’autres ternies l’es­  maisons particulières. L’eau concédée est
                    pacement de l'une à l’autre est de 300 à 400   presque partout à la discrétion des consom­
                    mètres, à peu d’exception près.           mateurs, sans limite et à condition de ne
                      Les bouches d'eau sous trottoir sont au   pas la répandre sans nécessité. Un tarif
                    nombre de 1,000 environ. On les ouvre tous   règle le taux des abonnements d’après la
                    les matins, pour le lavage des ruisseaux.   valeur locative et suivant l’importance pré­
                    Les fontainiers chargés de ce soin ont des   sumée de la consommation. Ce tarif est très-
                    itinéraires déterminés. Ils ouvrent d’abord   modéré ; il n’en pouvait être autrement
                    toutes les bouches, puis les referment succes­  dans une ville où des fontaines multipliées
                    sivement dans le même ordre. Les bornes-   fournissent l’eau gratis et à toute heure. Il
                    fontaines ont aussi des orifices destinés au   n’est pas le tiers du tarif de Paris. Dans les
                    lavage des ruisseaux. C’est pour cela qu’on   usines qui font une grande consommation
                    les a placées sur les points culminants   d’eau la dépense se règle au compteur à
                    des rues. Cette position n’est pas toujours   raison d’un centime par hectolitre.
                    la plus convenable au point de vue du pui­  11 n’est pas facile de savoir comment se
                    sage.                                     répartissent les 18,000 mètres cubes distri­
                      Toutes les bornes et bouches sont munies   bués chaque jour. On ne peut pas distin­
                    de raccords du même calibre, sur lesquels   guer ce qui se dépense aux bornes-fontaines
                    on peut adapter des boyaux pour l'arrosage   ou dans les maisons particulières. Il y a des
                    à la lance ou pour le service des pompes   bornes-fontaines où l’on ne cesse pas de pui­
                    à incendie. 11 y a, d’ailleurs, des boîtes à rac­  ser ; d’autres, dans les faubourgs, où l’on va
                    cords en grand nombre dans les jardins pu­  laver du linge, des légumes, malgré les dé­
                    blics, dans les cours et sur le périmètre des   fenses et qui coulent toujours. Beaucoup
                    principaux édifices, comme l’hôpital, le ly­  d’abonnés laissent couler l’eau sans aucune
                    cée, l’hôtel de ville, le théâtre, la bourse,   utilité. Dans les grandes chaleurs on aime
                    l’entrepôt, etc.                           partout à la répandre et les services publics
                      30 colonnes ou poteaux sont répartis dans   s’en ressentent.
                    les divers quartiers, pour le remplissage des   Le nombre des concessions est aujour­
                    tonneaux d’arrosement ou du service d’in­  d’hui de 4,000, dont 150 seulement à comp­
                    cendie. Ils donnent 6 litres par seconde, les   teur et le reste à discrétion.
                    bouches de lavage, 2 litres, les bornes-     Il était digne d’une grande cité de consa­
                    fontaines, un demi-litre au bec de pui­   crer à l’embellissement de ses places une
                    sage.                                     partie de sa richesse hydraulique. Des jets
                       Des fontaines décoratives où l’on peut   d’eau ornent la terrasse du jardin public,
                    puiser au moyen de boutons ou de pédales,   le jardin de l'Hôtel de ville , la place
                    se voient au quai de la Grave et sur les   d’armes. La gerbe des Quinconces et les
                    places du Palais, du Parlement, Saint-     fontaines de Tourny sont du meilleur
                    Paujet, Fondandége, Mériadeck et Nan-      effet, mais elles dépensent beaucoup et
                    souty.                                     l’on est obligé de compter les heures des
                      Tous les édifices publics sont pourvus   eaux jaillissantes. Ainsi la gerbe donne 25
                    d'une distribution d’eau. Ceux qui en usent   litres par seconde ou 90 mètres cubes par
                    le plus largement sont l’hôpital, l’abattoir,   heure, et les deux fontaines de Tourny don­
                    le théâtre et les halles.                  nent ensemble un peu plus. Ces eaux vont
                       La ville accorde des concessions d’eau,   ensuite alimenter la rivière du jardin pu­
                    tant aux établissements industriels qu’aux   blic.
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