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INDUSTRIE DE L’EAU.                                359

         Les classes ouvrières puisent de l’eau gra­  Saint-Michel et celle du Luxembourg.Toutes
       tuitement aux fontaines publiques pendant   les trois méritent d’être reproduites dans
       toute la journée et la nuit, et aux bornes-   ce recueil en raison de leurs qualités mo­
       fontaines lorsqu’elles sont ouvertes pour opé­  numentales et artistiques. Mais nous au­
       rer le lavage des ruisseaux. Cette tolérance,   rions manqué au devoir de la reconnais­
       en apparence si libérale, a, en réalité, un   sance publique, si nous avions négligé
       résultat déplorable. On sait que la classe ou­  d’accorder ici une place à la populaire et
       vrière de Paris est logée dans de grandes   philanthropique création du bienfaiteur gé-
       maisons à loyer. Les propriétaires, voyant
       que leurs locataires ont la possibilité de
       puiser de l’eau à la borne-fontaine, ne pren­
       nent point d’abonnements aux eaux de la
       ville. Le petit ménage est donc obligé, pour
       se procurer de l’eau, de descendre et de re­
       monter cinq à six étages, pour puiser à la
       fontaine publique; il faut quelquefois par­
       courir 150 mètres dans la rue, pour arriver
       à une borne-fontaine. Et comme les heures
       d’ouverture sont irrégulières, on doit sou­
       vent faire le voyage plusieurs fois avant de
       se procurer un seau d’eau. On a vu, dans
       des rues où les bornes-fontaines sont rem­
       placées par des bouches sous trottoir, des
       femmes et des enfants remplir leur seau en
       puisant l’eau dans le ruisseau même.
         Cependant le prix d’un abonnement aux
       eaux de la ville est bien minime dans une
       maison d’ouvriers. La dépense d’eau dans
       une maison habitée par 100 personnes, sans
       chevaux ni voitures, avec une cour de
       100 mètres carrés, est fixée, d’après les ba­
       ses d’estimation indiquées ci-dessus, à 4 mè­
       tres cubes par jour, et le prix d’abonnement
       à 240 fr. par an, soit a 4 fr. 20 par tète.
                                                          Fig. 1G0. — Fontaine Wallace.
       Néanmoins la plupart des propriétaires des
       maisons des quartiers d’ouvriers reculent   néreux qui a doté Paris de modestes fon­
       devant cette dépense, qu’ils pourraient faci­  taines publiques, destinées à suppléer à l’in­
       lement mettre à la charge de leurs locataires.  suffisance des bornes-fontaines. L’honorable
         La distribution d'eau a domicile laisse   sir Richard Wallace, en faisant construire à
       donc encore beaucoup à désirer à Paris.   Paris un grand nombre de petites fontaines
                                                 destinées à la boisson, a rendu à la popu­
         Nous représentons, dans les figures qui   lation de Paris un service précieux dont
       accompagnent ces pages, quelques-unes des   elle apprécie tous les jours l’utilité.
       fontaines monumentales de Paris, celle de   La figure 160 représente une des fon­
       la place de la Concorde, celle de la place   taines Wallace, que l’on voit aujourd’hui
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