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360                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                     dans les squares, les places et les rues, et qui   1662, de faire bâtir dans la forêt de Marly
                     n’ont qu’un seul défaut, celui de n’être pas   un château royal dans une des situations les
                     assez nombreux pour les besoins de la popu­  plus belles du monde, l’architecte Mansard
                     lation.                                   traça des jardins magnifiques, qui réunis­
                                                               saient tout ce que l’imagination pouvait
                                                               désirer. Exposition heureuse, vue ravissante
                                                               verdure et perspective variée, tout se trou­
                              CHAPITRE XXXVIII.                vait rassemblé dans cet Éden royal. Il n’y
                     LES EAUX DE VERSAILLES. — LA MACHINE DE MARLY. —   manquait qu’une chose : de l’eau. Et com­
                       SA CONSTRUCTION SOUS LOUIS XIV. — SON ÉTAT d’aBAN"   ment se passer d’eau dans ces jardins que
                       DON PENDANT UN SIÈCLE. — SA RESTAURATION SOUS
                                                               l’on voulait rendre féeriques? Comment ali­
                       LOUIS NAPOLÉON III. — DESCRIPTION DE LA MACHINE
                                                               menter ces nombreuses cascades aux gerbes
                      ACTUELLE DE MARLY CONSTRUITE PAR M. DUFRAYER.
                                                               jaillissantes? On vit alors éclore une foule
                       La ville de Versailles est alimentée en   de projets pour amener d’abondantes eaux
                     eaux potables par l’eau de la Seine que lui   sur les hauteurs de Versailles.
                     apporte la machine de Marly, restaurée en   Le plus gigantesque de ces projets fut
                     1860, par les soins et aux frais de l’empe­  celui que proposa Paul Riquet, l’illustre
                     reur Napoléon III. Mais telle n’était pas   créateur du canal du Midi. Riquet voulait
                     dans l’origine la destination de la machine   amener la Loire à Versailles. Le simple
                     de Marly. Louis XIV avait fait construire   aperçu de la hauteur du lit de la Loire au
                     ce volumineux système de pompe « qui      dessus du lit de la Seine, avait suggéré à
                     buvait l’eau de la Seine, » comme on l’a dit,   Riquet ce projet, qui ne put résister à
                     dans le seul but d'apporter aux bassins de   l’examen qu’en fit l’abbé Picard. Ce physi­
                     Marly et de Versailles les masses d’eaux qui   cien reconnut que la Loire, qu’il fallait
                     étaient nécessaires aux jeux hydrauliques,   prendre à la Charité, ne pourrait arriver à
                     cascades et effets aquatiques semés avec   Versailles, parce que les plateaux de la
                     profusion dans cette résidence royale. Au   Bcauce n’étaient pas à la hauteur néces­
                     xvne siècle, sous le grand roi, on songeait   saire pour l’établissement d’un canal.
                     peu aux besoins du public en eaux potables.   On songea alors à tirer parti des eaux
                     Tandis que des masses d’eaux inondaient   souterraines fournies par les environs de
                     les parcs et les jardins de Versailles et de   Versailles. Près de Trappes et de Bois-
                     Marly, la ville proprement dite devait se   d’Arcy étaient deux dépressions plus élevées
                     contenter des eaux blanchâtres et impures   de 5 mètres et de 8 mètres que le réser­
                     de quelques étangs dans lesquels on avait   voir de la Tour. On barra ces vallons, pour
                     rassemblé les eaux d’infiltration des coteaux   y arrêter et y accumuler les eaux fournies
                     environnants. Ce n’est que dans notre siècle   par les plateaux supérieurs dans leur cours
                     que la machine de Marly, dûment restau­   naturel vers laBièvre. De nombreux canaux
                     rée, a été consacrée à fournir l’eau de la   furent creusés et permirent de diriger l’eau
                     Seine, tout à la fois à la ville de Versailles,   dans les nouveaux étangs.
                     pour son alimentation, et aux jardins des   En 1676 les eaux d’infiltration remplis­
                     parcs de Versailles et de Marly, pour leur   saient les étangs de Versailles. Toutefois,
                     embellissement. 11 n’est pas sans intérêt de   leur teinte blanchâtre les empêcha de servir
                     connaître toute cette histoire.           aux usages domestiques. Et comme les eaux
                                                               de source qui suffisaient au village et au
                       On sait que Louis XIV ayant décidé, en   château de Versailles étaient devenues in-
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