Page 180 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 180

178                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                   en 1870, des cadavres de soldats prussiens  I et ne se rend dans le puits qu’après avoir
                   dans un cimetière situé à une assez grande   acquis tous les caractères des eaux pota-
                   distance de ces puits.                    blés.
                                                               On trouve dans l’ouvrage de l’abbé Para-
                     Pour qu’un puits fournisse une bonne    melle, l'Art de découvrir les sources, d’iip.
                   eau, il faut qu’il soit creusé dans des ter­  portants renseignements sur la manière de
                   rains sablonneux, parce que l’eau, s’infiltrant   construire les puits le long des cours d’eau.
                   à travers les couches de ce terrain, se purifie   Dans les campagnes qui possèdent une ri­
                   et devient plus potable. Combien la nature   vière, si l’on avait le soin de creuser le
                   est prévoyante ! L’eau, en traversant la   puits le long de ce cours d’eau ou dans son
                   couche arable, rencontre de l’humus et    voisinage, on aurait des eaux tout aussi
                   d’autres matières organiques, qui la prédis­  pures que celles qui sont consommées par
                   posent à se corrompre ; mais, arrivée à la  | les citadins.
                   couche sablonneuse, elle trouve un filtre   Celte règle, pourtant, n’est pas sans ex­
                   naturel, de dimensions colossales, qui arrête   ception ; et l’on ne saurait prétendre, d’une
                   ces impuretés, rend l’eau claire, limpide et   manière absolue, que tous les puits creusés
                   exempte de matières putrescibles. Une se­  le long d’une rivière, soient alimentés par
                   conde prévoyance de la nature, c’est d’avoir   l’eau de cette rivière. MM. Robinet et Jules
                   incliné les différentes couches du sous-sol,   Lefort ont analysé l’eau d’un réservoir arti­
                   afin que l’eau, coulant le long des couches   ficiel creusé à Nevers, à quelques mètres de
                   imperméables, puisse se rendre dans les lo­  la Loire. La composition de cette eau n’é­
                   calités plus basses. Sans cette circonstance,   tait nullement identique à celle de l’eau
                   beau remplirait le filtre naturel que forment   de ce fleuve (1). M. Jules Lefort a égale­
                   les couches de gravier, elle séjournerait   ment constaté qu’à Moulins l’eau d’un
                   dans la couche arable, où elle ne tarderait   puits situé à quelques mètres de l’Allier
                   pas à se corrompre.                       était tout à fait différente de celle de cette
                     Le sous-sol est composé, en général, de   rivière (2).
                   sable. D’autres fois, il est formé de craie   Dans une même localité les eaux de puits
                   ou d’une roche poreuse, et par conséquent   présentent quelquefois des différences très-
                   perméable. Dans ce dernier cas, l’eau est   considérables dans leur composition et
                   plus calcaire que celle qui traverse le sable.   leurs qualités. Ainsi l’eau de Bruxelles est
                   Mais si le sous-sol est argileux, et par con­  bonne dans la partie haute de la ville, tan­
                   séquent imperméable, l’eau est arrêtée à sa   dis qu’elle est mauvaise dans la partie
                   surface, elle reste saumâtre et son goût est   basse.
                   détestable. Tel estle cas des marais, des prai­  On rencontre de l’eau de puits dans
                   ries tourbeuses, etc.                     presque toutes les localités où l’on creuse;
                     Cependant certains puits fournissent des   seulement il faut quelquefois descendre
                   eaux aussi bonnes que celles des sources.   très-bas avant de trouver la nappe d’eau.
                   Ce sont les puits A'eau vive creusés loin des   C’est ce qui a lieu, par exemple, dans les
                   centres d’habitation et à peu de distance   coteaux sablonneux qui dominent la ville
                   d'une rivière ou d’un fort ruisseau. Il est   de Bruxelles, où les puits sont très-profonds.
                   évident que l’eau provient, dans ce cas, des   Il est difficile de fixer la quantité totale
                   infiltrations de la rivière ou du ruisseau.
                   L’eau courante suffisamment aérée, en s’in­  (1)  Journal de pharmacie et de chimie, 1861, tome I>
                                                            [ page 310.
                   filtrant dans le sol caillouteux, s’y clarifie,   (2)  Ouvrage cité, page 113.
   175   176   177   178   179   180   181   182   183   184   185