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INDUSTRIE DE L’EAU.                                181

       .|npOrtants, dont la ruine n’eut pas d’autre   l’homme, pour faire servir cet arbre à l’en­
       ■ use que l’arrêt accidentel d’une source   tretien de la vie humaine. C’est le rôle bien­
       bienfaisante. Les Arabes disent, dans ce cas,   faisant que remplit le bananier dans les
      que la source meurt. L’oasis de Tébaïch a   régions tropicales. Le palmier prospère
       péri de cette manière en 1860. Les pointes   dans les oasis africaines, parce que cet ar­
      t]e ses dattiers, dépouillées de leurs palmes,   bre rustique s’accommode, et même se
      redressent aujourd’hui au-dessus des sables,   trouve bien, de l’eau saumâtre, la seule que
      comme les mâts des navires d’une flotte   fournisse le désert.
      échouée.                                    En outre des palmiers et des dattiers, on
        On se fait communément une idée très-   cultive dans les oasis beaucoup d’arbris­
       inexacte des oasis, tant sous le rapport de   seaux, des légumes et des céréales. On y
       leur étendue que de la nature du sol. Les   cultive aussi l’orge, cette céréale vraiment
      oasis les moins considérables ont encore une   cosmopolite, puisqu’elle vit jusqu’en La­
      étendue de plusieurs journées de marche   ponie et qu’on la retrouve dans les sables
      dans un sens ou dans l’autre, ce qui donne   brûlants du Sahara.
      une superficie de 200 à 300 kilomètres car­  Dans la Notice sur les puits artésiens qui
      rés. Les grandes oasis sont, d’ailleurs, plus   fait partie des Merveilles de la science (1),
      nombreuses que les petites, parce qu’elles   nous avons dit que l’Afrique a été dotée par
      résistent beaucoup mieux à l’invasion des   nos ingénieurs militaires, d’un grand nom­
      sables mouvants. L’oasis de l’Ouadi-Foles-   bre de puits artésiens, pendant la période
      seles est d’une longueur de 300 kilomètres   de 1856 à 1860 ; que dans cette période, 50
      sur 100 kilomètres de large. L’oasis de Thè­ ■ puits artésiens furent forés dans le Sahara
      mes a une étendue de 100 kilomètres sur 15.  oriental, mais que les eaux ainsi obtenues
       La grande oasis d’Asben occupe, du nord   sont malheureusement très-chargées de ma­
       au sud, et de l’ouest à l’est, une étendue   tières salines. Les eaux de l’Oued-Rir ren­
       de 3 degrés ou d’environ 330 kilomètres,   ferment, en effet, 4gr,2 de substances solu­
      d’après le voyageur Barth, qui l’a visitée   bles par litre. Cette quantité s’élève jusqu’à
      en 1850. Composée de plateaux dont la hau­  12 grammes dans les eaux du forage de
       teur moyenne est de 600 mètres, et de    Amm.
       montagnes qui atteignent 2,000 mètres d’é­  Ces principes solides sont les chlorures de
       lévation, on pourrait appeler cette oasis la   sodium et de magnésium, les sulfates de
       Suisse du désert. L’air y est très-pur, salu-   magnésie et de chaux. Ils donnent à l’eau
      ■bre et relativement frais. La capitale de   une saveur fortement salée et amère. Ces
       cette oasis, la ville d’Agadès, était autrefois   eaux seraient considérées comme non
       florissante, et rivalisait avec Tombouctou.  potables en Europe ; mais les Arabes s’en
         Des royaumes entiers, dans le désert,   contentent, et elles sont loin de nuire à la
       n’occupent chacun qu’une seule oasis. Ainsi,   végétation des oasis.
       on peut regarder comme de grandes oasis,
       au nord, le Fezzan, pays montagneux à      (1) Tome IV, pages 604-607.
       'allées fertiles, et au sud, le Darfour, situé
       a l’ouest du Cordofan. L’Égypte elle-même
       11 est autre chose qu’une grande oasis.
         Les forêts de palmiers sont surtout ce qui
       constitue les oasis. L’Arabe dit que Dieu
       ■créa le palmier en même temps que
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