Page 183 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 183
INDUSTRIE DE L’EAU. 181
.|npOrtants, dont la ruine n’eut pas d’autre l’homme, pour faire servir cet arbre à l’en
■ use que l’arrêt accidentel d’une source tretien de la vie humaine. C’est le rôle bien
bienfaisante. Les Arabes disent, dans ce cas, faisant que remplit le bananier dans les
que la source meurt. L’oasis de Tébaïch a régions tropicales. Le palmier prospère
péri de cette manière en 1860. Les pointes dans les oasis africaines, parce que cet ar
t]e ses dattiers, dépouillées de leurs palmes, bre rustique s’accommode, et même se
redressent aujourd’hui au-dessus des sables, trouve bien, de l’eau saumâtre, la seule que
comme les mâts des navires d’une flotte fournisse le désert.
échouée. En outre des palmiers et des dattiers, on
On se fait communément une idée très- cultive dans les oasis beaucoup d’arbris
inexacte des oasis, tant sous le rapport de seaux, des légumes et des céréales. On y
leur étendue que de la nature du sol. Les cultive aussi l’orge, cette céréale vraiment
oasis les moins considérables ont encore une cosmopolite, puisqu’elle vit jusqu’en La
étendue de plusieurs journées de marche ponie et qu’on la retrouve dans les sables
dans un sens ou dans l’autre, ce qui donne brûlants du Sahara.
une superficie de 200 à 300 kilomètres car Dans la Notice sur les puits artésiens qui
rés. Les grandes oasis sont, d’ailleurs, plus fait partie des Merveilles de la science (1),
nombreuses que les petites, parce qu’elles nous avons dit que l’Afrique a été dotée par
résistent beaucoup mieux à l’invasion des nos ingénieurs militaires, d’un grand nom
sables mouvants. L’oasis de l’Ouadi-Foles- bre de puits artésiens, pendant la période
seles est d’une longueur de 300 kilomètres de 1856 à 1860 ; que dans cette période, 50
sur 100 kilomètres de large. L’oasis de Thè ■ puits artésiens furent forés dans le Sahara
mes a une étendue de 100 kilomètres sur 15. oriental, mais que les eaux ainsi obtenues
La grande oasis d’Asben occupe, du nord sont malheureusement très-chargées de ma
au sud, et de l’ouest à l’est, une étendue tières salines. Les eaux de l’Oued-Rir ren
de 3 degrés ou d’environ 330 kilomètres, ferment, en effet, 4gr,2 de substances solu
d’après le voyageur Barth, qui l’a visitée bles par litre. Cette quantité s’élève jusqu’à
en 1850. Composée de plateaux dont la hau 12 grammes dans les eaux du forage de
teur moyenne est de 600 mètres, et de Amm.
montagnes qui atteignent 2,000 mètres d’é Ces principes solides sont les chlorures de
lévation, on pourrait appeler cette oasis la sodium et de magnésium, les sulfates de
Suisse du désert. L’air y est très-pur, salu- magnésie et de chaux. Ils donnent à l’eau
■bre et relativement frais. La capitale de une saveur fortement salée et amère. Ces
cette oasis, la ville d’Agadès, était autrefois eaux seraient considérées comme non
florissante, et rivalisait avec Tombouctou. potables en Europe ; mais les Arabes s’en
Des royaumes entiers, dans le désert, contentent, et elles sont loin de nuire à la
n’occupent chacun qu’une seule oasis. Ainsi, végétation des oasis.
on peut regarder comme de grandes oasis,
au nord, le Fezzan, pays montagneux à (1) Tome IV, pages 604-607.
'allées fertiles, et au sud, le Darfour, situé
a l’ouest du Cordofan. L’Égypte elle-même
11 est autre chose qu’une grande oasis.
Les forêts de palmiers sont surtout ce qui
constitue les oasis. L’Arabe dit que Dieu
■créa le palmier en même temps que