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176                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   gène atmosphérique, la couche d’air qui    points où séjournent des amas de fumier
                   pèse sur elle ne se renouvelant qu’avec   des résidus de fabrique, et les détritus <|e
                   beaucoup de difficulté. Aussi une odeur de   la vie habituelle. Dans les villes qui pOs-
                   renfermé est-elle particulière à l’atmosphère   sèdent des égouts, le niveau de ces égouts
                   des puits. Cette odeur prouve que l’air de   n’est pas de beaucoup supérieur à celui des
                   cette cavité est en complète stagnation.  puits et des fosses d’aisances, c’est-à-dire
                                                             des réservoirs dans lesquels des substances
                                                             animales, réunies en grand nombre, sont
                                                             en proie à la décomposition putride.
                                                                Dans presque toutes les fermes de R
                                                              France, même dans celles qui sont peu
                                                             éloignées d’un cours d’eau, c’est un puits
                                                             qui sert à l’exploitation agricole. Ce puits
                                                             est placé dans une vaste cour, autour
                                                             de 'laquelle sont ramasssés tous les bâ­
                                                             timents : l’écurie, l’étable, la vacherie, h
                                                             volaille, les magasins, etc. En Allemagne
                                                             et en Belgique cette disposition est la
                                                             même : les bâtiments sont groupés au­
                                                             tour de la cour et le puits est dans cette
                                                              cour. Or, le puits, soit dans les fermes,
                                                              soit dans les usines, soit dans les habi­
                                                              tations privées, reçoit nécessairement une
                                                              partie des’ substances animales ou végé­
                                                              tales en décomposition qui imprègnent le
                                                              sol dans le rayon de la ferme, de l’établis­
                                                              sement industriel ou de l’habitation.Les eaux
                                                              des fumiers, les résidus des fabriques, les
                                                              déjections des animaux, les produits des
                                                              fosses d’aisances, etc., pénètrent dans le
                                                              sol avec les eaux pluviales, et se rendent
                                                             dans la nappe d’eau qui alimente le puits.
                                                              En buvant cette eau, on s’exposerait donc
                                                             à boire des résidus de toutes ces déjections.
                                                             Aussi est-ce par une mesure bien justifiée
                                                             que, dans les fermes, on réserve l’eau du
                                                             puits à la boisson des animaux, à l’arrosage
                        Fig. 74. — Puits de l'hôtel de Cluny, à Paris.
                                                             ou aux emplois industriels. Ce n’est qu’à
                     A leur forte minéralisation, à l’absence   défaut d’autres eaux que l’on peut se con­
                   d air, qui rend l’eau des puits impropre à   tenter de celle du puits pour la boisson des
                   la boisson, vient se joindre une troisième   habitants de la ferme.
                   cause, la plus grave de toutes. Destinés aux   La contamination de l’eau de puits par
                   besoins d’une exploitation agricole ou in­  les produits de la décomposition putride des
                   dustrielle, les puits sont toujours construits
                                                              matières animalesdisséminées dans son voi­
                   près des habitations, c’est-à-dire dans des !
                                                              sinage, n’est pas une simple conception de
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