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174 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
Elle ne sert, point, du reste, à la consom dessus du sol, par un robinet moins gros que le petn
mation pour la boisson, car elle est simple doigt. Dans les autres quatorze localités que je rn’ab
stiens de désigner, pour ne pas nuire à la réputé
ment réunie aux eaux de la Seine, dans le
tion de ceux qui ont conseillé ou entrepris ces puits
réservoir de Chaillot, pourserviràalimenter on a complètement échoué, après avoir dépensé
les lacs et la rivière du Bois de Boulogne. 20,000 à 150,000 francs. »
Son débit est, d’ailleurs, devenu assez faible.
11 n’est aujourd’hui que de 28,000 mètres cu
bes par 24 heures.
L’eaudupuitsde Passy est alcaline, comme CHAPITRE XVI11
celle du puits de Grenelle. Sa température
élevée, sa saveur, l’absence d’air et la faible LES EAUX NON POTABLES. — LES EAUX DE PUITS. — j,Es
PUISARDS. — LES PUITS PERDUS, OU boit tout. les
quantité d’acide carbonique, empêchent de
PUITS INSTANTANÉS. — LES PUITS DU DÉSERT ET LES
l’employer comme boisson, du moins avant OASIS.
de l’avoir aérée et refroidie. Mais, comme
toutes les eaux artésiennes, elle est excellente Quand la nature nous refuse l’eau cou
pour les usages industriels : le blanchissage, rante des sources ou des rivières, elle nous
la préparation de bains de teinture et l’ali laisse la ressource d’aller chercher ce liquide
mentation des chaudières à vapeur. dans les profondeurs de la terre. Presque en
11 ne faut donc pas compter sur les sour tous lieux, l’eau existe à une profondeur plus
ces artésiennes comme eaux potables, mais ou moins grande du sol, et avec plus ou
seulement comme eaux industrielles. Sous moins d’abondance. 11 faut voir une sorte
ce dernier rapport, il est même bon d’être de vue providentielle dans cette circons
prévenu que bien souvent les résultats obte tance géologique qui assure à l’homme la
nus ne répondent pas aux grandes dépenses possession d’un élément indispensable à son
occasionnées par ce forage, et l’on ne peut existence.
que se ranger à l’avis de l’abbé Paramelle De tout temps, l’homme civilisé a creuse
qui, dans son ouvrage sur l’Art de découvrir le sol, pour mettre à jour les courants sou
les sources (1), s’exprime ainsi: terrains, ou pour ouvrir aux eaux d’intil
tration un espace dans lequel elles se ras
« Tout en reconnaissant les avantages sans semblent. Les eaux de puits ont, en effet,
nombre et les agréments de toute sorte que pro cette double origine : elles font partie
curent ces admirables puits, je n’imiterai pas cer
tains auteurs qui, pour encourager tout le monde d’un courant régulier allant d’un point à
à en entreprendre, citent bien exactement tous ceux un autre selon la déclivité des couches entre
qui ont réussi, mais ne font pas connaître ceux qui lesquelles elles cheminent; ou elles provien
n’ont point réussi, ni les grands frais que les uns
et les autres ont occasionnés. nent de simples infiltrations des eaux de
« Dans les quarante départements que j’ai parcou pluie circulant çà et là, et se rendant, en
rus dans le plus grand détail, j’ai rencontré dix-neuf vertu des lois de la pesanteur, dans un ré
localités dans chacune desquelles on avait foré un
servoir, où elles restent immobiles.
puits artésien, à la profondeur de 40 à 150 mètres.
A Elbeuf j’en ai vu un, qu’on venait de terminer Un puits est donc une cavité creusée arti
et qui avait parfaitement réussi. Sur la place de Saint- ficiellement, et qui a pour but d’aller mettre
Sever, à Rouen, sur celle de Saint-Ferréol à Marseille, à jour un courant d’eaux souterraines, ou
et à Béchevelle en Médoc, j’ai vu trois autres puits
artésiens, qui avaient coûté chacun de 15,000 à un réservoir d’eaux stagnantes. D’après cela,
40,000 francs, produisant chacun un petit filet d'eau il faut distinguer les puits d’eaux vives et
qui coulait à la hauteur de deux ou trois pieds au-
les puits d'eaux stagnantes.
(1) Page 231. Les puits d'eaux vives tarissent rare-