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INDUSTRIE DE L’EAU. 175

ent tandis que les puits d'eaux stagnantes s’y trouvent. Les eaux des puits de Paris
jépuîsent et ne se remplissent à nouveau ne sont autre chose qu’une solution presque
' 'au bout d’un temps plus ou moins long. saturée de sulfate de chaux, parce que le
Quant au mode de construction de l’un gypse, ou sulfate de chaux, abonde dans les
4de l’autre de ces puits, il est nécessaire­ terrains tertiaires de Paris. Les eaux souter­
ment le même. raines en contact avec cette roche, qui est
L’art du puisatier consiste, après avoir légèrement soluble dans l’eau, en dissolvent
creusé le sol jusqu’à la rencontre de la nappe nécessairement une grande quantité.
aquifère, à revêtir d’une muraille de ma­ C’est la présence du gypse dans les eaux
çonnerie cette cavité perpendiculaire. Sans des puits qui a fait donner, d’une manière
cela l’eau, à mesure qu’elle suinte dans la générale, aux eaux souterraines de mau­
cavité creusée artificiellement, s’infiltrerait vaise qualité, le nom d’eaux séléniteuses.
dans les terres, par les parois de cette même Dans la plupart des localités appartenant
cavité. aux terrains tertiaires et d’alluvion, le sul­
Obéissant à la pression qu’elle subit dans fate de chaux est la substance qui altère les
les couches inférieures du sol, l’eau s’élève eaux de puits et les rend dures, c’est-à-dire
dans l’enceinte de pierres qu’on lui a ména­ difficiles à digérer, qui leur donne la fâ­
gée, et elle se tient à une hauteur qui varie cheuse propriété de précipiter le savon à
selon l’intensité de la pression souterraine l’état de stéarate et d’oléate de chaux inso-
à laquelle elle est soumise. Cette hauteur à j lubies, et de mal cuire les légumes. Les
niveau varie peu, la pression qui la déter­ substances organiques ont un grave incon­
mine étant à peu près constante. vénient, quand elles existent dans les eaux
Les eaux des sources et les eaux des puits de puits en même temps que le sulfate de
ont la même origine ; elles proviennent chaux. Elles réagissent sur le sulfate de
toutes les deux, des eaux pluviales. Ces eaux chaux et donnent naissance à du sulfure de
tombant sur les hauteurs, traversent les cou­ calcium, lequel, étant oxydé par l’air et
ches perméables du sol, c’est-à-dire les cou­ décomposé par le gaz acide carbonique,
ches sablonneuses, et se réunissent dans un dégage de l’acide sulfhydrique, corps émi­
point situé plus bas, arrêtées qu’elles sont nemment délétère.
par une couche argileuse imperméable, ou En même temps que le sulfate de chaux,
par une roche cristalline. Cependant les eaux I les eaux de puits renferment beaucoup de
de sources sont potables et celles de puits j carbonate de chaux, enlevé au sol.
ne le sont pas; les eaux de sources sont Les eaux de puits on t l’inconvénient d’être
douces et celles de puits sont dures. A quoi peu aérées. Venant des profondeurs de la
tient cette différence? A ce que l’eau de terre, n’étant pas en contact avec l’air, elles
source se fait assez promptement jour hors renferment très-peu d’oxvgène en dissolu­
de terre, tandis que l’eau de puits y reste tion. L’oxygène manque dans l’eau des puits
confinée. L’eau de source traversant rapi­ quand ils restent couverts, surtout si l’on y
dement les terrains, à cause de l’issue qu’elle puise l’eau, comme on le fait dans presque
trouve au dehors, reste fort peu en contact toute l’Allemagne, avec une pompe à sou­
avec le sol, et n’a pas le temps de se char­ pape dormante. Mais, même dans les puits
ger de beaucoup de principes solubles. ouverts à l’air libre, le renouvellement
Au oontraire, l’eau de puits, demeurant , de l’air est toujours très-difficile dans la
constamment en contact avec le sol pro­ partie profonde de cette cavité. L’eau ne
fond, dissout tous les principes solubles qui peut absorber presque aucune trace d’oxy-