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132 MERVEILLES DE L’INDESTRIE.
On a calculé que la Durance, dans le sont absorbées par le sol, lorsqu’elles exis-
moment des grandes crues, charrie 4 kilo tent à l’état de sulfates, d’azotates, de silj,
grammes 18, de substances terreuses, et que cates ou de chlorures : le chlore passe à
la quantité moyenne de substances terreu l’état de chlorure de calcium. La silice des
ses qu’elle tient en suspension dans tout sels de potasse est enlevée à l’eau, tantôt
le courant de l’année, est de 280 grammes en proportion très-faible, tantôt intégrale
par litre. L’eau du Rhin en contient, en ment. Pour le phosphate de chaux et le
moyenne, 20 grammes ; la Saône contient en phosphate ammoniaco-magnésien, l’acide
maximum 100 gr., en minimum 8 gram phosphorique est complètement absorbé a
mes, en moyenne 40 grammes. l’ammoniaque du phosphate ammoniaco-
Outre les substances solides enlevées à magnésien, ainsi que la chaux, restent en
leur lit, les eaux de fleuves et de rivières dissolution.
sont troublées par les pluies et les averses. En résumé, les eaux des rivières et des
A chaque averse, les eaux des ruisseaux ou fleuves sont soumises, en coulant sur le sol,
des torrents se chargent de terre végétale, à deux influences : l’une qui tend à les dé
d’argile, de graviers, et de toutes sortes de pouiller des substances dissoutes, l’antre qui
détritus qu’elles arrachent au sol. L’en tend à leur en ajouter. Comme la dernière,
semble de ces matières est entraîné, pêle- influence est la plus importante, les eaux
mêle, jusque dans le lit des rivières. fluviales sont toujours plus riches en élé
11 n’est pas surprenant, d’après cela, que ments dissous, notamment en sels, que les
les eaux des rivières et des fleuves soient eaux de pluie.
presque constamment troubles.
Ce n’est pas seulement à l’action de beau Si l’on tient compte de l’influence du
contre les rives qui la renferment ou à la sol sur les eaux des rivières et des fleuves,
présence du limon terreux apporté par les et des différences qu’amènent les pluies
eaux torrentielles à la suite des grandes dans leur débit, on comprendra que la
pluies, qu’est due l’altération des eaux des composition chimique de ces eaux doive
fleuves et rivières. Il y a une troisième ac être très-variable, non-seulement pour les
tion s’exerçant sur les terres végétales des différents fleuves, mais pour le même cours
rives. On a reconnu que les terres, culti d’eau pris à différents points de son cours.
vées ou non, qui sont un mélange de pro Cette question, c’est-à-dire la composi
duits minéraux désagrégés et de détritus tion chimique des eaux des fleuves et des
organiques, enlèvent à l’eau qui les baigne rivières (quand elles sont débarrassées de
quelques-uns des sels en dissolution dans toute matière en suspension), doit mainte
cette eau. Les terres absorbent très-faible nant nous occuper.
ment la soude, mais énergiquement l’am Il ressort des considérations que l’on
moniaque et la potasse. Parmi les acides, vient de lire, qu’après les eaux de pluie et
les terres s’emparent surtout d’acide phos- de source, les eaux de rivière et de fleuve
phorique ; elles s’assimilent moins facile sont les plus pures. Dans les eaux les plus
ment la silice, encore moins l’acide sulfu chargées, la quantité d’éléments dissous-
rique, et ne paraissent pas agir sur les est toujours assez faible pour que leur den
chlorures. sité diffère à peine de celle de l’eau distillée.
Les silicates et azotates de soude sont Voici les quantités de principes dissous
décomposés en partie: environ‘de leur dans un litre d’eau de différents fleuves et
base est retenu. L’ammoniaque et la potasse rivières.