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INDUSTRIE DE L’EAU                                  135


       J a pente naturelle, ainsi que la tempéra­  remarqué que ces eaux, quoique complète­
     ture a «ne grande influence la sur pureté   ment incolores et transparentes, laissaient
     jcS eaux de fleuves et de rivières. Quand   déposer sur les parois des vases, après quel­
     . g eaux ont un écoulement rapide, les    que temps de repos, un sédiment rougeâtre,
     matières solubles se détruisent par l’oxy­  et contractaient une faible odeur de poisson.
     dation avec une assez grande rapidité ;   On avait cru d’abord que ce dépôt était
     mais lorsqu’elles coulent lentement ou    formé de sesquioxyde de fer, provenant de
     que la pente du cours d’eau est peu pro­  ce que les tuyaux étaient en fer ; mais
     noncée, le limon s’accumule, et l’eau qui   M. Medlock s’assura que cette conjecture
     le recouvre est très-impure. Le lit de la ri­  était fausse, parce que l’eau, avant d’en­
     vière de Bièvre, qui traverse le faubourg   trer dans les tuyaux de fer, contenait plus
     Saint-Marcel, à Paris, n’est qu’une couche   de traces de fer, d’alumine et de phosphates,
     épaisse de vase, composée de matières or­  qu’après avoir traversé ces tuyaux. Cepen­
     ganiques provenant de nombreuses tanne­   dant le dépôt rougeâtre se produisait tou­
     ries établies sur ses bords.              jours, et il ne se formait pas avant d’en­
       Pendant les grandes chaleurs et lorsqu’il   trer dans les tuyaux. L’examen chimique et
     n’a pas plu depuis longtemps, les eaux des   microscopique de ce dépôt rougeâtre prouva
     ruisseaux et des rivières exhalent une odeur   à M. Medlock qu’il se composait, presque en
     désagréable, parce qu’elles tiennent en dis­  totalité, de substances organiques consis­
     solution une plus grande quantité de ma­  tant en filaments d’algues, de conferves et
     tières organiques qu’en hiver.            d’autres végétaux microscopiques diverse­
       L’influence funeste que les matières orga­  ment altérés. L’odeur analogue à celle du
     niques exercent sur les eaux de rivière n’est   poisson tenait à la présence de quantités
     nulle part mieux mise en évidence que par   considérables A'Ulva intestinalis, qui flot­
     la Tamise, dans son parcours de Londres.   taient à la surface de l’eau dans les réser­
     Avant d’arriver à Londres, ce fleuve par­  voirs, avant qu’elle fût filtrée et introduite
     court une longue étendue de terrains riche­  dans les tuyaux de conduite.
     ment cultivés, et il reçoit, dans son trajet,   Il résulte des intéressantes expériences de
     les égouts de diverses villes, dont la popula­  M. Medlock, sur les eaux d’Amsterdam et sur
     tion s’élève à plus de sept cent mille habi­  celles de la Tamise, que le fer a la propriété,
     tants. Aussi son eau, à l’intérieur de Londres,   commune, du reste, à d’autres métaux, et si­
     est-elle très-chargéede matières organiques,   gnalée pour la première fois par Schônbein,
      et montre-t-elle une couleur jaunâtre, due   de convertir l’ammoniaque, ou les ma­
      à la présence de matières organiques en   tières organiques azotées, en acide azoteux
     dissolution, lorsqu’on la regarde, en pla­  (AzO3), qui possède des propriétés oxy­
      çant derrière le vase une feuille de papier   dantes très-énergiques. C’est ainsi que
      blanc.                                   M. Medlock explique la disparition des ma­
       Les matières organiques, quand elles exis­  tières organiques des eaux en présence du
      tent dans des eaux potables, deviennent une   fer.
      source de maladies pour ceux qui en boivent   M. Muspratt a confirmé les résultats de
     journellement, et leur séparation constitue   M. Medlock, en étudiant les eaux de Li-
      1111 problème très-difficile à résoudre. Un   verpool.
      chimiste hollandais, M. Medlock, s’est oc­  Si les faits signalés par ces deux chimistes
      cupé de cette question en étudiant les eaux   se confirment pour toutes les eaux contenant
      Publiques de la ville d’Amsterdam. On avait   des matières organiques azotées, qui sont
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