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336 MERVEILLES DE L'INDUSTRIE. POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 337
Fig. 2î2, 213. — Vases bijugués, de l’ancienne poterie péruvienne.
quelques reflets métalliques. D’autres pièces Nous passons aux poteries de l’Amérique
sont également de couleurs vives. On y voit méridionale, aux poteries péruviennes, dont
des Ceurons, des croix et des compartiments les plus anciennes ont été trouvées dans des
tachetés de jaune, de noir, de blanc et tombeaux. Leur pâte est tantôt rouge,
dautrcs couleurs mélangées. comme celle des vases grecs, tantôt noire,
Nous groupons dans une même page comme celle des vases étrusques. Elle est
(fig. 237 à 240) plusieurs poteries recueillies généralement mate, ou rendue luisante
aux environs de Mitla, dont un vase homini- plutôt par frottement que par glaçure. Elle
forme de 16 centimètres de hauteur ayant est peu cuite et perméable.
probablement servi de porte-torche, ce que Les figures 242 et 243 représentent une
semble indiquer le tube creux qui est der forme de vases bijugués très-fréquente dans
rière la tête. la poterie péruvienne.
Les fouilles opérées dans quelques tumuli
Les poteries mexicaines, ou aztèques, qui ont amené la constatation d’un fait étrange :
proviennent de générations plus modernes, c’est que, parmi les poteries de l’ancienne
sont loin d’avoir le mérite de la très-ancienne Amérique, et qui sont pourtant contempo
céramique dont nous venons de parler. Elles raines, les unes révèlent, par leur ornemen
sont généralement en terre cuite rouge et tation, un véritable génie artistique, tandis
Mitla, qui sont des plus belles et des plus dehors et en dedans d’une glaçure ou vernis sans vernis. On cite cependant comme re que les autres, s’écartant des données géo
intéressantes. Parmi ces poteries se trouve (fig. 237). La pâte en est rougeâtre, fine, com marquables un buste de Montezuma II (celui métriques, imitent avec une grossièreté ridi
un pot de -16 centimètres de hauteur ayant à pacte et dure. La glaçure dont nous venons que Fernand Cortès fit mettre à mort) et des cule le galbe horrible des plus singuliers
peu près la forme d’un tatou (1 ) et couvert en de parler a une épaisseur très-distincte ; elle groupes qui ont été rapportés récemment fétiches des sauvages. Ainsi dans les tombes
du Mexique par M. Pingret. Un de ces
est d’un brun verdâtre ou jaunâtre avec des Aymaros de la Bolivie, de Quichua, de
(I) Le tatou, ou tlasype, est un genre de Mammifères de groupes représente un sacrifice humain : la côte du Pérou, M. Alcide d’Orbignv
la fam lie des Edentés, remarquable par l’espèce de car nos et les bois. On peut en voir plusieurs couples au Jardin la victime est renversée en arrière sur un trouva pêle-mêle les terres cuites les plus dis
casse, composée de compartiments semblables à de petits zoologique d’acclimatation, à Paris. Ce petit mammifère
pavés, qui recouvre leur tête, leur corps et souvent leur jouait un certain rôle dans la religion primitive des ha bloc ; le prêtre lui ouvre le corps avec un parates, les unes empreintes de toute la poésie
queue. Les tatous vivent en petites troupes dans les plai- bitants de Palenque et de Mitla. couteau en silex et lui arrache le cœur. de l’art, les autres difformes et hideuses.
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