Page 340 - Les merveilles de l'industrie T1

POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 335

de sorte qu’aujourd’hui, les savants com- । Elles étaient placées à terre ou dans des
mencent à déclarer que l’Amérique a joui 1 niches. Quelques-unes de ces pièces conte­
d’une civilisation brillante, qui fut peut-être naient des ossements humains, entourés de
antérieure à celle de l’Égypte, et dans tous chaux. Outre les poteries rouges, on a re­
les cas, au moins sa contemporaine, c’est-à- cueilli également des terres grises, très-du­
dire qui remonte à dix-huit ou vingt siècles res, très-cuites, peut-être plus cuites que les
avant J.-C. vases grecs anciens.
Il n’entre pas dans notre plan de discuter La plupart de ces poteries sont couvertes
la question de savoir si l’Amérique n’était d’une glaçure qui paraît être un vrai lustre
pas jadis réunie, par le nord, à l’ancien silico-alcalin, bien supérieur par son état
continent, dont elle aurait été séparée par de vitrification et par sa couleur, aux plus
un cataclysme géologique. Mais ce qui ap­ beaux lustres des vases grecs et romains.
partient à notre sujet, c’est de constater que Ainsi, d’anciens peuples américains au­
l'ancienne céramique américaine a beaucoup raient trouvé la glaçure vitreuse propre à
d’analogie avec celle des Grecs. Fait bien cu­ rendre les vases imperméables, bien avant
rieux à noter, les poteries les plus ancien­ les Européens, alors que ces peuples sa­
nes qu’on découvre en Amérique, sont celles vaient à peine faire usage des vernis plom-
qui se rapprochent le plus de la perfection bifères. Aussi Brongniart ne peut-il s’em­
de l’art classique, tandis que l’art semble pêcher de s’écrier :
reculer à mesure que les échantillons se
« Je ne vois que les Chinois, les Égyptiens et peut-
rapprochent des temps modernes.
être les Arabes, qui puissent être associés ou peut-
Les poteries les plus anciennes recueillies être au moins comparés pour cette immense per­
en Amérique sont celles du Mexique, par­ fection des arts céramiques, à l’ancien peuple qui
vivait autrefois sur le territoire de Mitla et de Pa­
ticulièrement celles de Mitla et de Palen-
lenque. »
que. Viennent ensuite celles du Pérou.
Palenque était une ancienne ville située La lampe de terre qui a été trouvée dans
sur les confins du Yucatan et du Guatémala le temple de Mitla, appartient à l’époque la
actuels. A l’époque de la conquête par les plus ancienne de la poterie américaine. Elle
Espagnols, presque tous les habitants de la est en terre cuite rouge, et recouverte d’un
contrée furent mis à mort ; de sorte qu’une vernis minéral incolore. Elle présente des
végétation luxuriante finit par couvrir les ornements gravés à la pointe ; sa forme rap­
ruines de Palenque. Ces ruines, qui occupent pelle parfaitement l’art classique grec.
aujourd’hui un espace d’environ huit lieues, M. Demmin, à qui appartient cette lampe,
au pied d’une chaîne de collines, furent croit que sa forme paraît démontrer la con­
découvertes, pour la première fois, en 1750. naissance et l’usage du tour à potier. Bron­
En 1787, on voyait quatorze édifices encore gniart avait dit, au contraire, qu’aucune des
debout autour d’un grand temple. Ce temple, poteries anciennes de l’Amérique ne lui
de forme pyramidale, comme ceux des Égyp­ paraissait avoir été faite sur le tour. Mais
tiens, était assis sur une base présentant un Brongniart n’à pas connu les résultats des
parallélogramme de 360 mètres de tour et dernières fouilles opérées dans les ruines de
de 20 mètres de haut. Palenque et de Mitla.
Mitla était située dans les environs de Nous citerons encore quelques pièces cu­
Palenque. La plupart des poteries, qui con­ rieuses.
sistent en plateaux et urnes en pâte rouge, M. Martin, ancien consul de France à
ont été trouvées dans des tumuli, ou cryptes. ' Mexico, a réuni 16 à 17 objets de poteries de