Page 344 - Les merveilles de l'industrie T1

POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 339

3° Faïences communes ; L’argile pure ne saurait être employée à la
4° Faïences fines ; confection des poteries. Fabriquée avec de
5° Grès-cérames ; l’argile pure, une poterie se fendillerait et
6° Porcelaine dure, ou chinoise ; aurait un retrait trop considérable. 11 faut
7° Porcelaine tendre, ou européenne. donc ajouter à la matière plastique argileuse,
Les poteries des trois premières classes une ou plusieurs substances que l’on nomme
sont tendres ; le fer peut les rayer ; celles dégraissantes et qui empêchent le fendille­
des quatre dernières, quand elles proviennent ment et le retrait de l’argile cuite. Ces
d’une bonne fabrication, sont assez dures substances dégraissantes sont le sable (silex
pour ne pas être entamées par une pointe ou quartz pulvérisé), le feldspath (silicate
d’acier. d’alumine et dépotasse), la craie (carbonate
Nous allons décrire la fabrication de ces de chaux), les os calcinés, le sulfate de
sept espèces de poteries. baryte, enfin des fragments de poteries
Mais avant de nous engager dans cet ex­ cuites mises en poudre, et que l’on désigne
posé, nous tracerons un tableau d’ensemble sous le nom de ciment. La magnésie et
des propriétés chimiques des poteries. Lors­ l’oxyde de fer peuvent également être ajou­
que l’on aura une idée exacte de la compo­ tés à l’argile pour la dégraisser.
sition des poteries, de leurs propriétés chi­ La nature et la quantité des substances
miques, des éléments qui entrent dans leur dégraissantes exercent une grande influence
constitution physique, on comprendra plus sur les propriétés des poteries. Le sable ajouté
facilement les procédés que nous avons à à l’argile donne une pâte infusible, qui con­
décrire. vient à la fabrication des briques et des
creusets. La chaux, la magnésie et l’oxyde
Une poterie n’est autre chose que de l’argile de fer, communiquent à la pâte une demi-
calcinée au feu. fusibilité. Si l’on ajoute à l’argile de la
Qu’est-ce que l’argile ? un silicate d’alu­ potasse ou de la soude à l’état de carbo­
mine. L’argile a la propriété, quand elle a nate, on rend la poterie fusible presque à
été délayée dans l’eau en proportions conve­ l’égal du verre, quand l'alcali est abondant.
nables, de former une pâte liante, ductile, La porcelaine dite tendre n’est autre chose,
laquelle, sous l’impression des doigts, peut comme on le verra, qu’une argile cuite avec
recevoir toutes les formes que l’on désire. une certaine quantité d’alcali, qui lui com­
Desséchée à l’air, cette pâte prend une con­ munique une demi-fusibilité et en fait une
sistance qui permet de la travailler au tour, sorte de verre opaque.
de la modeler, de la sculpter, de la tailler, En faisant convenablement varier la quan­
de lui donner toutes les formes possibles. tité et la nature de ces différentes bases,
Si l’on cuit à la température du rouge la terreuses ou alcalines, on modifie la tempé­
pâte argileuse ainsi modelée, elle prend rature nécessaire à la cuisson des pâtes cé­
des caractères tout nouveaux. Elle devient ramiques.
dure, cassante, sonore : elle ne peut plus Les poteries cuites sont poreuses et suscep­
se délayer dans l’eau, elle a perdu toute tibles d’absorber les liquides. On sait qu’une
plasticité. L’argile cuite est une substance brique, par exemple, happe l’eau très-rapi­
qui, physiquement, diffère totalement de dement. Cette propriété constitue évidem­
l’argile non calcinée : toute la théorie de ment un inconvénient grave quand on veut
la fabrication des poteries réside dans la consacrer les vases à renfermer des substan­
connaissance de ce fait général. ces liquides. C’est pour enlever aux poteries