Page 346 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                              341


    ticularité physique qui est fondamentale   moulant l’argile et se contentant de la sécher
    dans la contexture des poteries vernissées ou   au soleil. Ensuite on y ajouta de la paille
    glacées. Si la terre qui constitue la poterie est   et du sable, ce qui augmenta leur consis­
    incolore, comme la terre de la porcelaine et   tance, enfin on les fit cuire dans des foyers.
    celle de la faïence fine, on emploie pour gla­  Il est assez singulier que les briques, qui
    çure un corps transparent et incolore, puis   ont été fabriquées en si grandes quantités
    que l’on n’a pas à cacher une pâte grise ou   dès les premiers temps de la civilisation,
    colorée. Un verre artificiel, ou le feldspath,   ne se soient introduites que fort tardivement
    qui n’est qu’un verre naturel, substances fu­  dans l’art de bâtir chez les peuples moder­
    sibles au feu et incolores, fournissent ce ver­  nes. Ce fut seulement vers le ix'siècle après
    nis transparent. Si, au contraire, la terre de   Jésus-Christ, que l’art de fabriquer les bri­
    la poterie est grise ou noirâtre, il importe   ques pénétra en Angleterre. Il ne devint
    de cacher aux yeux sa couleur terne. Pour   général dans le même pays, que vers le xive
    cela, on prend un vernis opaque, c’est-à-dire   siècle. C’est à la même époque que l’on
    un émail d’oxyde d’étain ou de plomb.     commença à en faire usage en Italie, parti­
      Voilà pourquoi la porcelaine et la faïence   culièrement en Toscane. On sait que de nos
    fine dont la pâte est blanche, sont glacées   jours, l’usage des briques dans les construc­
   avec du feldspath fondu, verre translucide,   tions est immense en Europe, et qu’on a
    tandis que les poteries communes, dont la   recours à ces matériaux de construction,
    pâte est rougeâtre ou jaunâtre, parce qu’el­  alors même que la pierre à bâtir ne fait
    les contiennent de l’oxyde rouge de fer, sont   pas défaut.
   vernies avec un émail opaque, à base d’oxyde   La terre à briques est une argile ferrugi­
   d’étain ou d’oxyde de plomb.               neuse et exempte de craie. Il est rare que la
                                              terre à briques ne demande pas un mélange
      Après ces notions générales, nous allons   de sable, ou un travail d’élimination, pour
   donner la description des différentes opéra­  rejeter les fragments de craie qui se trou­
   tions qui se rapportent à la fabrication des   vent souvent mélangés à l’argile dans les
   poteries.                                  marnes, ou dans les argiles plastiques qui
      Nous suivrons dans cet exposé, l’ordre   sont géologiquement inférieures à la craie.
   tracé par la classification de Rrongniart.   C’est simplement en concassant la terre
                                              et la passant à la claie, que l’on purifie
                                              la terre à briques.
                                                Le potier ne met pas immédiatement en
               CHAPITRE XXX                   œuvre la terre qui doit servir à mouler les
                                              briques. L’expérience a appris qu’il faut lais­
                                              ser la terre exposée pendant cinq à six mois
    FABRICATION DES TERRES CUITES OU POTERIES DE LA PRE­
     MIÈRE CLASSE. — LES BRIQUES, LES TUILES, LES TUYAUX,
                                              à l’air libre, avant de s’en servir. Extraite de
     LES CREUSETS, LES CORNUES, LES CARREAUX, LES ALCARA-
                                              la carrière, au commencement de l’automne,
     ZAS, LES OBJETS DE PLASTIQUE.
                                              la terre est étendue en mottes sur le sol de
      Briques.—Les briques furent les premiers   la briqueterie, pendant tout l'hiver, et ex­
    matériaux de construction employés par les   posée, jusqu’au mois d’avril, aux alternatives
    hommes dans les lieux où manquaient la    de la pluie, de la gelée et du soleil. Au bout
    pierre à bâtir, c’est-à-dire, le calcaire com­  de ce temps, elle est additionnée d’eau
    pacte.                                    et malaxée, ou marchée, c’est-à-dire, long­
      Au début, on fabriqua les briques en    temps pétrie avec les pieds. Si l’on doit
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