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338 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

Brongniart fait remarquer que c’est sur­ nous passons à un autre ordre de faits,
tout par le genre d’ornementation que les c’est-à-dire à la description des procédés de
anciennes poteries péruviennes et chiliennes fabrication de cette vaste série de produits
se rapprochent le plus des anciennes pote­ divers qui constituent les poteries, les faïences
ries grecques. Les méandres, les frises sont et la porcelaine.
fréquemment dessinés ou peints en diverses
couleurs sur les vases anciens. D. Ulloa
avait été déjà frappé de ces analogies. Il dit,
en effet, dans son travail sur l’Amérique,
CHAPITRE XXIX.
qu’on a trouvé dans les tombeaux des In­
diens de l’Amérique méridionale des vases CLASSIFICATION DES POTERIES. — PROPRIÉTÉS CHIMIQUES
de terre cuite, les uns en terre blanchâtre, les COMMUNES A TOUTES LES POTERIES.
autres en terre noire, qui ressemblent à ceux
des Grecs, des Egyptiens et des Romains. Nous avons à étudier dans ce chapitre et
Alcide d’Orbigny a fait une remarque qui dans ceux qui suivront, la fabrication des
ne manque pas de profondeur : c’est que poteries, en comprenant sous ce nom le vase
dans les pays bas, sur les côtes, notamment le plus commun qui sort des mains du po­
à Lima et à Quito, les formes sont plus tier de village, jusqu’à ces porcelaines pein­
baroques. Ce sont des jeux hydrauliques à tes et décorées dont un seul exemplaire vaut
deux, à trois ou à quatre compartiments, । à lui seul une fortune.
des animaux, des fruits ; tandis que sur les ; Pour bien exposer les procédés de fabri­
plateaux élevés, les vases sont plus simples cation des différentes poteries, il faut faire
et d’un style plus sévère. une classification rigoureuse, scientifique,
Un collectionneur de Paris, M. Lefèvre, de ces produits si nombreux de l’industrie
possède une cinquantaine de pièces remar­ et de l’art. Quand on a groupé les poteries
quables de la poterie péruvienne. Le plus en catégories naturelles, il est plus aisé d’ex­
grand nombre représentent des figures et des pliquer et de faire comprendre les procédés
animaux fantastiques et même des sujets de fabrication pour chacun de ces groupes.
obscènes. Ces pièces appartiennent évidem­ Alexandre Brongniart, auteur du Traité
ment à la fabrication des côtes. M. Demmin des arts céramiques, une des œuvres les plus
possède une bouteille à goulot et à anses, remarquables qu’ait produites l’industrie mo­
provenant de la collection de M. Lefèvre, derne, a donné une excellente classification
qui est surmontée d’une espèce de grenouille des poteries. Les écrivains qui sont venus
à tête fantastique, ressemblantà celle de 1 hip­ après l’illustre directeur de la manufacture
popotame, animal inconnu en Amérique. de Sèvres, tels queEbelmen et Salvétat, ont
Nous réunissons dans un même groupe essayé d’autres classifications; mais celle de
(fig. 244 à 219, p. 340), un certain nombre Brongniart nous paraît devoir être préférée
de poteries péruviennes antiques, à pâte à la leur, car elle repose autant sur la con­
noire. sidération de la nature des poteries, que sur
les noms que le commerce emploie pour leur
Nous bornerons là nos indications histo­ désignation. X
riques sur la poterie américaine ancienne. Brongniart divise toutes les poteries en
Notre tableau historique des développe­ sept classes: /
ments et des progrès de l’industrie céramique 1° Terres cuites';
dans les deux mondes étant ainsi terminé, 2° Poteries communes ;