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330 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
Nous donnons {fig. 236) un spécimen de nique à Doccia, et fondé une colonie d’é
la porcelaine de Chelsea. C’est un vase migrés de Naples et d’autres pays, sur les
de 55 centimètres de hauteur, élégamment bords marécageux de la Ceccina, qu’il avait
orné, fond or, décoré de dessins chinois. réussi à assainir au moyen d’un véritable
système de drainage. Ces colons lui servi
rent àexpédier, en 1744, seize vaisseaux pour
la pêche du corail. C’était en un mot un de
ces grands seigneurs de l’ancienne Italie,
CHAPITRE XXVII
que l’on voyait toujours à la tête des idées
MANUFACTURES DE PORCELAINE DE FLORENCE, DE VENISE, de civilisation et de progrès.
DE TURIN ET DE NAPLES. — LA PORCELAINE EN ESPAGNE
Le marquis Charles de Ginori ayant reçu
ET EN PORTUGAL.
du grand-duc de Toscane, une mission di
Ce n’est pas seulement en France et en plomatique à Vienne, auprès de l’empereur
Angleterre que furent établies, au xvine François Ier, se mit en rapport avec un chi
siècle, des fabriques de porcelaine. En Italie, miste habile de ce pays, Charles Wandelein.
en Espagne et en Portugal, des manu Il le ramena avec lui à Florence, en 1740,
factures pour la fabrication de cette pré pour le mettre à la tête de sa manufacture.
cieuse poterie furent créées dès que l’on eut Quelques années après, le marquis envoya
une connaissance exacte ou approximative à ses frais un navire en Chine pour en rap
des procédés de fabrication de la porcelaine porter le kaolin et le petun-tsé nécessaires
tendre ou dure. Les porcelaines de Saxe et à la fabrication de la porcelaine.
de Chine se trouvèrent ainsi promptement La fabrique de Doccia commençait à ré
imitées dans toute l’Europe. pandre ses produits en Toscane, lorsque le
marquis mourut en 1757.
Après la manufacture de Sèvres, les ma Son fils, le sénateur Lorenzo Ginori, lui suc
nufactures de Doccia, près de Florence, et céda et augmenta beaucoup la manufacture de
de Capo di Monte, aux portes de Naples, sont Doccia. Dès cette époque, on y fabriquait des
les plus célèbres. statues et des grands vases en porcelaine, et on
Le marquis Charles de Ginori appartenait exportait ces produits dans les États voisins.
à une de ces nobles familles de Florence Charles-Léopold Ginori, successeur du
qui, par l’importance de leurs biens et l’au sénateurLorenzo, inventa un nouveau genre
torité de leur nom, rappelaientles petits sou de four, que Brongniart décrit dans son ou
verains d’Allemagne. Comme eux, le marquis vrage. 11 construisit une grande salle desti
Charles de Ginori voulut avoir sa fabrique née à exposer les produits de la manufacture ;
presque royale de poteries et de porcelaine. il établit une école de dessin, et attira au
Il choisit pour l’emplacement de cette ma près de lui plusieurs artistes de mérite.
nufacture, une propriété qu’il possédait à Mort en 1837, Charles-Léopold Ginori eut
Doccia, près de Sesto, à une lieue de Flo pour successeur le marquis actuel, Pierre
rence. En 1735, il commença à y faire fa Lorenzo de Ginori-Lisci.
briquer des poteries et de la porcelaine. Un La fabrique de porcelaine et de poteries de
privilège spécial pour cette fabrication en Doccia jouit actuellement d’une grande re
Toscane, protégeait l’établissement. nommée en Italie. Deux mille personnes,
Le marquis Charles de Ginori était un ( tant ouvriers qu’artistes, y travaillent. Jus
grand agriculteur et un homme de haute qu’en 1812, elle avait joui d’un privilège
intelligence. Il avait créé un jardin bota- 1 spécial qui lui assurait le monopole de la