Page 332 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 327
qui n’avait plus de valeur pour le roi, resta M. Louis Robert s’attache à conserver à la
au Musée de Sèvres, comme échantillon manufacture de Sèvres les traditions qui
des contrefaçons frauduleuses. ont fondé sa juste réputation. Il poursuit
activement la fabrication de la porcelaine
La manufacture royale de Sèvres resta tendre, anciennement abandonnée par
sous la direction de Boileau jusqu’à sa mort, M. Brongniart, et reprise depuis M. Ebel
arrivée en 1774. Elle passa ensuite entre men avec des succès divers.
les mains de Parant, puis, en 1779, de Ré La manufacture de Sèvres s’est enrichie
gnier. par les soins de Brongniart et de ses succes
En 1793, Régnier fut, tout naturelle seurs, d’un magnifique musée où se trouvent
ment emprisonné, comme serviteur du réunies toutes les pièces qui intéressent l’art
roi. On craignait beaucoup pour la manu de la poterie et sa fabrication. Entretenu et
facture ; mais la république fut clémente conservé par la patience et la persévérance
envers cette institution de la royauté. Elle de M. Riocreux, le musée de Sèvres a
la protégea, et même l’encouragea, puis aujourd’hui pour conservateur M. Champ-
qu’elle mit à sa tête trois commissaires du fleu'-y, lé romancier dont chacun connaît
gouvernement, dont un représentant du les œuvres et le talent, ainsi que ses tra
peuple, nommé Batelier. vaux sur la céramique.
Ce régime dura jusqu’à l’année 1800. A Les porcelaines de Sèvres à pâte tendre
cette époque, le frère du premier consul, ou à pâte dure seront toujours recherchées
Lucien Bonaparte, étant ministre de l’in partout.
térieur, nomma directeur de la manufacture Il est d’autant plus nécessaire de soutenir
de Sèvres, Alexandre Brongniart. et d’encourager la manufacture de Sèvres,
Ce savant, qui a laissé une trace si pro que l’industrie française a plus que jamais
fonde dans la géologie, qui fut le collabo besoin de son secours pour les progrès de la
rateur de Cuvier, et qui s’est immortalisé fabrication, et de ses modèles pour la bonne
par ses études géologiques du bassin de direction artistique. La France, habituée
Paris, resta directeur de la manufacture de à triompher quand il s’agit d’objets d’art,
Sèvres pendant quarante-sept ans, c’est-à- rencontre aujourd’hui pour la céramique,
dire jusqu’à sa mort, arrivée en 1847. des rivales très-sérieuses dans l’Angleterre,
11 fut remplacé par Ebelmen, lequel mou dans l’Allemagne et même dans l’Italie,
rut en 1851, et M. Victor Régnault, le cé sans compter les Etats-Unis d’Amérique.
lèbre physicien, devint directeur de la ma Nous venons d’indiquer la concurrence
nufacture de l’Etat. sérieuse que l’Angleterre fait à la France,
A la suite des événements funestes de la au point de vue de la céramique. Il s’agit,
guerre de 1870, M. Victor Régnault ayant bien entendu, non de la porcelaine dure
perdu son fils, le peintre Henri Régnault, qui ne se fabrique pas en Angleterre, mais
dans les circonstances glorieuses que cha I de la porcelaine à pâte tendre, naturelle,
cun connaît, M. Régnault se démit de । laquelle est, comme nous l’avons dit, à base
toutes ses places, et abandonna la direction de kaolin.
de la manufacture de Sèvres. Il a été rem Il paraît que cette fabrication existait en
placé en 1871 par M. Louis Robert, fils Angleterre dès 1745, àChelsea. Les matières
d’un peintre sur porcelaine d’un grand premières qui entrent dans la composition
talent, et lui-même artiste et élève de | de cette porcelaine tendre sont à peu près
M. Brongniart et du chimiste Dumas. les mêmes que celles qui entrent dans la
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