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324 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
Fig. 232. — Vase en porcelaine de Sèvres, 2/10 de grandeur, dit Cuve ovale Dncerceau.
Cette influence se traduisit par des mil « C’était, ajoute Brongniart, une dette de la France
pour une découverte, fortuite il est vrai, mais qui
lions, qui se répandirent en peu d’années
a procuré à ce pays un genre d’industrie auquel on
en France et en Europe. doit un grand mouvement de fonds et de travaux et
Que devint Mme Darnet, à qui cette dé une immense exportation. »
couverte était due ? On doit penser qu’elle
reçut une récompense nationale pour la Ce fait impressionne douloureusement.
brillante industrie dont elle avait doté la On laisse dans la misère, pendant cinquante
France ? Hélas, Mme Darnet fut complète ans, la femme qui a révélé à la France les
ment oubliée. A la mort de son mari, elle matériaux précieux qui permirent à l’in
était dans la misère. En 1823, elle se rendit dustrie céramique de prendre chez nous un
à pied à Paris, où elle épuisa ses ressources essor inattendu, et il faut que la pauvre
en sollicitations inutiles. Elle implorait en solliciteuse fasse cent lieues à pied pour
vain un secours du roi. obtenir un aussi modique secours de la cha
rité royale !
« Mme Darnet, dit Brongniart, vivait encore en L’industrie française possédait enfin le
1825 ; elle était dans la misère et vint me voir pour
implorer un secours du moment, afin de retour kaolin. C’est dire que la porcelaine dure
ner à pied à Saint-Yrieix, comme elle en était ve fut bientôt fabriquée. Les essais commen
nue. On lui donna immédiatement tout ce qui lui cèrent à la manufacture de Sèvres, en 1766.
était nécessaire, et le roi Louis XVIII lui accorda, sur En juin -1769, Macquer présentait à l’Aca
ma proposition, une petite pension sur la liste ci
vile... » démie des sciences des pièces de porcelaine