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332 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
qui concernait la porcelaine. Pendant la I peints et dorés, forment un contraste agréable avec
foire qui se tenait tous les ans devant le le glacé du fond.
« La meilleure collection de ces porcelaines est
palais du roi, on dressait une boutique celle du palais royal à Portici, dont lady Blessington
pour la vente des porcelaines, et l’on fait, dans Idler in Italy, la description graphique
portait à Charles 111, chaque matin, la note suivante :
« Un des salons de Portici attira plus particulière-
de ce qui avait été vendu, avec le nom des
« ment notre attention. Le plafond et les murs sont
acheteurs. « couverts de plaques de la plus belle porcelaine de
Lorsqu’il fut obligé, en 1759, de quitter « l’ancienne et célèbre manufacture de Capo di
« Monte, dont les échantillons sont aujourd’hui de-
Naples, pour aller occuper le trône d’Es
« venus si rares. Ces plaques sont ornées de paysages
pagne, Charles III emmena avec lui vingt- « et de groupes peints d’une manière admirable, et
deux ouvriers de la fabrique de Capo di « encadrées de guirlandes de fleurs de grandeur
« naturelle, des couleurs les plus riches et les plus
Monte. Avec ce noyau de praticiens, il
« variées, en relief, entremêlées d’oiseaux au plu
fonda à Madrid la fabrique de porcelaine ie mage éclatant, d’écureuils et de singes; le tout en
du Buen Retira, dont nous parlerons plus « porcelaine. Les lustres et les cadres des glaces sont
loin. « également en porcelaine. L’effet est singulière-
« ment beau. Le parquet de ce salon était autrefois
Le roi Ferdinand Ier, qui avait succédé à
« recouvert, comme le plafond et les murs, de por-
Charles III, comme souverain du royaume « celaine du même style ; mais on dit que le roi, à
des Deux-Siciles, n’avait pas hérité de la « l’époque où il fut forcé de quitter Naples, avait eu
« l’intention d’emporter toutes les décorations de
passion de son prédécesseur pour la céra
« ce salon, dont il n’a eu le temps que d’enlever les
mique. 11 enleva à la fabrique de Capo di « plaques qui recouvraient le parquet. »
Monte son monopole et rendit libre cette « Cette rare porcelaine ne se rencontre aujourd’hui
industrie dans les États Napolitains. 11 ar que dans un très-petit nombre de collections. Feu
lady Blessington en avait deux services de tasses
riva, dès lors, que les ouvriers de la fabrique avec soucoupes, lesquels, à la vente des meubles de
royale entrèrent dans les fabriques particu Gore-House, réalisèrent les prix très-élevés de 18
lières, et que celle-ci ne tarda pas à décliner. guinées la paire. Le pot à crème s’est vendu 26 gui-
i nées, et un autre pot à crème 20 livres sterling. A
La longue série des révolutions qui affli
| la vente Bernai : des tasses avec soucoupes de cette
gèrent Naples, au commencement de notre ! même porcelaine se sont vendues de 31 à 36 livres
siècle, eurent pour résultat d’affaiblir beau sterling la paire ; et un compotier avec couvercle,
31 livres sterling. Une petite tabatière de l’ancienne
coup la fabrique de Capo di Monte. Elle cessa
composition à coquillage s’est vendue 31 livres ster
d’exister en 1821. On voit cependant en ling (1). »
core dans l’ancien établissement royal, si
tué dans la rue de la Sanita, de précieux La miniature est le genre particulier qui
échantillons de-cette ancienne manufacture distingue les peintures des porcelaines de
M. Marryat dit, en parlant des échan Capo di Monte. Quand on regarde les fi
tillons de Capo di Monte, qui existent dans gures à la loupe, on y distingue le pointillé
cette collection : des chairs : c’est même là ce qui distingue
ces porcelaines de leurs contrefaçons.
Les fresques de Pompéi et les peintures
« Les services à tiré et à café sont peut-être les
plus magnifiques objets en porcelaine qui soient ja de Raphaël ont été souvent reproduites sur
mais sortis des manufactures européennes, tant pour les grands vases de Capo di Monte. Cette
la transparence et la ténuité de la pête, compara
ble à la coquille d’œuf orientale, que pour les même manufacture a produit beaucoup
formes élégantes des pièces, et le tour gracieux des d’ouvrages en relief, style rocaille, avec co
anses formées de serpents. Le modelé délicat des quillages et coraux.
groupes et sujets classiques et mythologiques en re
lief qui ornent les parois de ces pièces, est surtout (1) Histoire des faïences et porcelaines, traduction fran
digne de toute notre admiration. Ces groupes, çaise, tome II, pages 277-278.