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170 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
celui que l’on nomme de nos jours tour- à la droite du dernier personnage, signifie :
nette, ou roue du potier, qu’il ne faut pas « il retire. »
confondre avec le tour à pied. Les indica Les couleurs qui existaient sur ces pein
tions des peintures qui nous occupent sont si tures n’étaient pas chose indifférente. On
précises, qu’on voit le premier tourneur, D, remarque sur les copies qu’en a faites
détacher de la masse de pâte la quantité né Champollion, que, tant que les pièces ne sont
cessaire pour le vase qu’il veut faire, et le se pas cuites (comme dans les figures A, B, C,
cond, E, façonner l’extérieur de la coupe avec D, E), les poteries sont d’une couleur gris-
l’index et le pouce opposés l’un à l’autre. foncé. Mais après le défournement, on leur
Cette dernière figure (E) a cela de particu a donné la couleur rouge, qui est celle des
lier que le bras droit du personnage repré poteries cuites, et particulièrement des an
sente une position et un arrondissement ciennes poteries égyptiennes.
exactement semblables à la position et à l’ar Quand on a vu ces peintures, sur lesquelles
rondissement du bras qui se remarquent chez les opérations du potier sont décrites avec
les tourneurs modernes lorsqu’ils exécutent tant d’exactitude, on n’est plus surpris de lire
cette même opération. « Si nos ouvriers dans l’histoire sainte, que 500 ans avant l’émi
« avaient été en apprentissage chez leurs gration de Jacob, c’est-à-dire 2000 ans avant
« confrères il y a 3700 ans, a dit un auteur Jésus-Christ, le royaume d’Egypte renfermait
« anglais, la ressemblance ne serait pas plus les plus habiles potiers du monde connu.
« complète.» Du reste, rien n’est oublié dans
ces tableaux. Ainsi le vase que l’on voit entre Les dessins des hypogées ne nous ont pas
l’ouvrier représenté par la figure D et celui seulement révélé l’outillage du potier égyp
qui est représenté par la figure E, est évidem tien ; on y trouve des vases aux formes élé
ment destiné à renfermer l’eau dans laquelle gantes et variées, avec l’indication de leur
les potiers mouillent leurs doigts, comme usage dans la vie civile, comme dans les
cela se pratique encore aujourd’hui, pour cérémonies du culte religieux dec Egyptiens.
tenir, pendant le travail au tour, la pâte Les figures 117 et 118 représentent un vase
dans un état d’humidité convenable. égyptien qui remonte à la plus haute anti
Le vase étant façonné, il faut maintenant le quité. Il est peint en couleur bleu-pâle, et
durcir par l’action du feu. La figure F repré sa pâte est dure et demi-translucide. D’au
sente le four cylindrique à bouche latérale tres vases de la même époque sont tout aussi
dans lequel la cuisson va s’opérer. Un ou- élégants et, en outre, recouverts d’un en
v rier alimente le four avec un morceau de duit très-mince.
bois. On voit les flammes qui s’élèvent du four Peut-être aussi faut-il reporter à cette
dans lequel sont renfermés les objets à cuire. époque le vase représentant la déesse Isis
La cuisson achevée, le feu éteint, nous as et son fils : c’est un vase figurant un person
sistons au défournement. Le four cylindrique nage, avec une anse perpendiculaire. La pâte
est représenté dans un autre sens. La porte est rouge et luisante. La figure 119 repré
du foyer est du côté que nous ne voyons pas. sente exactement cet étrange spécimen de la
Les flammes ont. disparu. On ne voit plus poterie égyptienne.
que son ouverture supérieure dans laquelle Le Musée du Louvre renferme une quan
le potier G va prendre les objets cuits, qu’il tité innombrable de figurines représentant
remet à son aide. Déjà ce dernier a déposé à les dieux des Egyptiens. On peut, en par
ses pieds quelques vases retirés du four. courant la salle des dieux égyptiens, au Lou
L’inscription hiéroglyphique qui se voit vre, se faire l’idée du caractère artistique