Page 172 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                             167

          quantité de tuiles vernies dont la couleur et l'éclat sont  qu’on trouvait encore il n’y a pas longtemps
          encore étonnamment frais. »
                                                     dans les ruines de Babylone, appartenaient
             Des fragments des murs de Babylone exis­  bien à l’ancienne ville de Bélus, et qu’il est
          tent à la bibliothèque de la rue de Riche­  également sûr que les morceaux conservés à
           lieu, et le musée de céramique de Sèvres   la bibliothèque viennent des ruines de Ba­
           possède deux échantillons de briques ayant   bylone, d’où ils furent rapportés, vers 1790,
           plus de 35 centimètres de côté. Nous don­  par l’abbé de Beaucbamp, vicaire aposto­
           nons ici (fig. 114, 115) le dessin de ces   lique à Bagdad.
           briques du musée de Sèvres.                 Ces briques offrent les particularités sui­
             On a émis l’opinion que ces fragments,   vantes. La pâte est absolument semblable à
          comme d’autres qui enrichissent quelques   celle des briques non cuites, c’est-à-dire
           musées, proviendraientbiendes ruines de Ba­  grossière et de couleur gris sale, mais de­
           bylone, mais appartiendraient à une époque  venue rouge par la cuisson. Elle renfermait,
                                                     avant d’être cuite, des tiges de graminées
                                                     qui ont été brûlées, mais qui ont laissé leur
                                                     empreinte dans la pâte. L’un de ces frag­
                                                     ments (fig. 114) porte une espèce de rosace en
                                                     glaçure épaisse et blanche; l’autre (fig. 115)
                                                     qui provient d’une des portes de Babylone,
                                                     est vernissée en beau bleu et en beau jaune.
                                                       M. Jacquemart a eu l’occasion d’étudier
                                                     d’autres briques recueillies dans les ruines
                                                     de Babylone.
                                                      « Ces briques, dit-il, en terre d’un blanc jaunâtre
                                                     tournant au rose, sont enduites d’une glaçure com­
                                                     posée de silicate alcalin d’alumine, sans traces de
                                                     plomb ni d’étain ; l’argile n’est pas recouverte par-
                                                   ! tout, réservée dans certains points, elle ajoute par sa
                                                     couleur cornée à la variété des dessins où dominent
                                                     le bleu turquin des Égyptiens, un ton gris bleuté,
                                                     assez peu déterminé, mais plus foncé que la teinte
                                                     céleste, un blanc plus ou moins pur, rehaussé de
                                                     quelques points jaunâtres dus, sans doute, à une
                                                   ' ocre ferrugineuse.
                                                      « Des rosaces, des palmettes, des oves, des dispo-
                                                   i sitions symétriques se rapprochant de l’art grec, tel
                                                   j est le style général, non-seulement des briques ba-
                                                   i byloniennes, mais encore des fragments céramiques
                                                   ' recueillis en Phénicie, en Assyrie, en Arménie et
                                                   ! jusque dans la Perse antique. Leur réunion avec des
                                                   ! grains travaillés en émail et en verre, prouve à quel
                                                   , point d’avancement était arrivé, dans ces contrées,
             fig. 114 et 115. — Briques émaillées de Babylone.
                                                   ; l’art des vitrifications (1). »
           postérieure, c’est-à-dire à celle de la destruc­  M. Place, consul de France, qui a fait
          tion de cette ville par Darius (522 ans avant   faire de nombreuses fouilles dans les ruines
          J.-C.), ce qui, du reste, leur donnerait en­  du palais assyrien de Khorsabad, confirme ce
          core une antiquité vénérable. Mais monsieur   qu’avaient dit les historiens, que les briques
           Brongniart, après de nombreuses recherches,
                                                      (I) Merveilles de la céramique, lr2 partie, page GO. In-
          affirme que les briques et carreaux émaillés  j 12, Paris, 18G8.
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