Page 170 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                              165

           se pratique encore chez les Cafres (quelques-unes   remarquer qu’il existe une grande analogie
           de ces poteries, un peu plus fines, sont déjà cepen­  entre ces anciennes poteries et celles que
           dant coloriées par le graphite) ; 2° poteries lacustres de
           l’âge du bronze, remontant peut-être à 1000 ou   fabriquent encore de nos jours les Cafres.
           1500 ans avant l’ère chrétienne, dont la variété de   Chez ces peuplades du sud de l’Afrique on
           formes est déjà plus grande, et parmi lesquelles   cuit les vases d’argile dans des trous, après
           on en rencontre d’ornementées. Presque chaque
           bourgade de l’époque dite l’âge du bronze avait son   les avoir entortillés de paille et de résine.
           établissement particulier de poterie. »     Il y a dans le musée royal de Copenhague
             Au fond du lac du Rourget, près d’Aix-   plusieurs exemplaires de ces vieilles poteries
           en-Savoie, on a également trouvé un grand   Scandinaves. Elles remontent à l’âge de la
           nombre de poteries lacustres qui remontent   pierre et à celui du bronze. Elles y sont in­
           à l’âge dé la pierre. Les pilotis de ces an­  diquées sous le nom de Lierkar (jarres de
           ciennes habitations, que l’on a découverts   terre glaise). A l’Exposition de 1867, nous
           à une distance de 100 mètres du rivage,oc­  avons vu quelques spécimens de ces poteries.
           cupent environ 20,000 mètres carrés. Les   Elles accompagnaient des Kjoekken-moed-
           objets trouvés remplissent plusieurs salles   dings (débris de cuisine) et avaient été re­
           de la Société savoisienne d'histoire et d'ar­  cueillies dans des fouilles où l’on avait ren­
           chéologie, dont le siège est à Chambéry.  contré les ossements des bêtes qui avaient
             Les musées de la Suisse (Neuchâtel, Zu­  servi aux repas, avec les ustensiles qui
           rich, Genève, etc.) contiennent un grand   avaient aidé à leur préparation.
           nombre d’objets recueillis dans les habita­  On a trouvé aussi dans les anciens tom­
           tions lacustres de ses principaux lacs. Le   beaux de plusieurs contrées de l’Angleterre,
           musée de Stuttgard et celui de Sigmaringen   des poteries presque semblables à celles de la
           possèdent également de nombreux exem­ I Scandinavie, et qui appartiennent à l’âge du
           plaires des objets trouvés dans les lacs de  i bronze. On en voit des exemplaires au Musée
           l’Allemagne et du Tyrol.                  britannique du Louvre, et dans d’autres mu­
             Nous sommes entré dans ces détails pour   sées.
           justifier l’ordre chronologique que nous sui­  La poterie anglo-saxonne est d’une époque
           vons dans cette Notice. Les poteries lacus­  postérieure et a été cuite au four.
           tres sont antérieures à celles de l’ancienne   Ainsi, dans le nord de l’Europe, on a trou­
           Asie et à celles de l’Egypte. Si l’on ne tient   vé, comme en Suisse, en Savoie et en Alle­
           pas compte de la manière un peu fantai­   magne, des ustensiles en terre cuite, des
           siste dont les Egyptiens calculaient l’âge de   poteries, qui sont contemporaines de l’éta­
           leurs dynasties, on arrivera à cette conclu­  blissement des premières peuplades hu­
           sion que les premières poteries celtiques, ou   maines dans ces contrées.
           poteries lacustres de l’âge du fer, sont an­
           térieures à celles de l’Asie et à celles qui   De nos jours, on rencontre souvent, dans
           ont été découvertes dans les tombeaux de   les tombeaux anciens de l’Asie Mineure, des
           l’ancienne Égypte.                        poteries siliceuses bleues, ayant la forme
             La même remarque s’applique à certaines   d’une gourde lenticulaire, à goulot cylin­
           poteries de la Scandinavie, qui ont été fa­  drique bordé, et qui étaient évidemment
           briquées sans l’emploi du tour, et dont les   destinées à contenir du vin. Ces vases sont
           plus anciennes ont été cuites dans des trous   en grande vénération dans le pays. D’a­
           creusés dans le sol, parce que les potiers   près la tradition générale, ils remonteraient
           de cette époque n’avaient pas encore con­ ! à une si haute antiquité qu’ils ne seraient
           struit de fours. M. le docteur Klemm a fait  | qu’une imitation de la gourde dans laquelle
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