Page 173 - Les merveilles de l'industrie T1
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168                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.                                                                       POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                              169

                formaient le revêtement des quais et des    Ecbatane (aujourd’hui Hamadan), ville de
                murailles intérieures de Babylone. 11 a ren­  la Médie, était entourée de murs, qui, d’a­
                contré, encore debout, un mur de cinq pieds   près Hérodote, étaient peints de sept cou­
                de haut sur vingt-un pieds de long, entière­  leurs. M. Brongniart fait remarquer que ces
                ment revêtu de briques peintes en couleurs   couleurs appliquées sur terre cuite ayant
                vitrifiées, et représentant des hommes, des   été vitrifiées, les revêtements émaillés de
                animaux et des arbres.                    l’Asie Mineure remontent à une bien haute
                  L’auteur anglais, Kennet Loftus, le pre­  antiquité.
                mier Européen qui ait visité les anciennes   Disons enfin que les mêmes découvertes
                ruines de Warka, dans la Mésopotamie,     ont été faites à Ninive. On a trouvé, sur
                s’exprime en ces termes :                 l’emplacement de cette ville, des briques
                                                          vernissées qui, par le lieu où elles ont été
                  «Warka est, sans aucun doute, l’Érek del’Écriture,
                                                          trouvées, appartiennent évidemment aux
                la seconde ville de Nemrod ou l’Orchoé des Chal-
                déens. Les remblais qui se trouvent à l’intérieur des   murs de cette ville, et remontent ainsi à
                murs offrent des objets d’un grand intérêt pour l’his­  2500 ans au moins avant Jésus-Christ.
                torien et l’antiquaire. Ces remblais se composent   Ces briques vernissées étaient, comme
                littéralement de cercueils empilés les uns sur les
                                                          celles de Babylone et d’Ecbatane, peintes
                autres, à une hauteur de quarante-cinq pieds. Cette
                ville doit évidemment avoir été le grand cimetière   en bleu, vert, blanc et rouge.
                des générations chaldéennes, de même que Meshad-
                Ali et Kerbella sont de nos jours les cimetières des   On voit, en résumé, que dans l’ancienne
                Perses. Les cercueils sont de nos jours très-étrange­  Asie, l’art du potier avait fait de bonne
                ment construits ; ils ont généralement la forme d’une
                                                          heure quelques progrès, et que l’émaillage
                baignoire ouverte, mais les parois en sont plus bas­
                ses et de forme symétrique, et ils sont pourvus d’une   des briques fut le premier pas de l’art cé­
                large ouverture ovale destinée à l’introduction du   ramique dans ces contrées.                                Fig. 116. — Les potiers de l’ancienne Égypte, d’après les peintures des catacombes de Thèbes,
                corps. Cette ouverture se ferme avec un couvercle                                                                                     exécutés 1900 ans avant J.-C.
                en faïence ou en poterie.
                  « Les cercueils eux-mêmes sont également en                                                             Après cet imposant témoignage de la haute   les pieds jusqu’à l’enlèvement du four de la
                terre cuite, enduite d’un vernis de couleur verte et                                                    antiquité de la céramique brute, on peut ci­  poterie cuite.
                ornée en relief de figures de guerriers munis d’é­     CHAPITRE IV
                tranges et énormes coiffures, vêtus d’une tunique                                                       ter les poteries cuites au feu que l’on trouve   Bien que ces figures aient été souvent pu­
                courte et d’une sorte de long jupon sous cette tuni­  l’Égypte et la judée. — mode de fabrication des po­  dans des tombeaux, et qui, d’après la chro­  bliées, nous croyons devoir les reproduire,
                que, avec une épée au côté, les bras appuyés sur les   teries en Égypte.— les vases égyptiens. — la salle   nologie des dynasties égyptiennes, remontent   à cause du grand intérêt historique qu’elles
                hanches et lesjambes écartées. De grandes quanti­  DES DIEUX ÉGYPTIENS AU LOUVRE. — USAGE DES VASES
                tés de poteries et de figures en terre, dont quelques   COMMUNS. — VASES A RAFRAICHIR. — LES ISRAÉLITE-   à 2500 ans au moins avant l’ère chrétienne.  présentent.
                unes sont modelées avec une grande délicatesse, on   EN ÉGYPTE. — CAUSE DÉTERMINANTE DE L’EXODE. —        Mais l’Égypte ne nous a pas seulement     La figure 116 nous montre, A, deux
                été trouvées au milieu de ces cercueils; celles-ci   LE VEAU D’OR, IMITATION DU BŒUF APIS. — LES FLACONS   laissé des monuments de l’art céramique ;   ouvriers marchant la pâte, c’est-à-dire la
                contiennent à l’intérieur une énorme quantité d’or­  DU LOUVRE FAUSSEMENT ATTRIBUÉS AUX CHINOIS. —                                                pétrissant avec les pieds. Les hiéroglyphes
                nements en or, argent, fer, cuivre, verre, etc. »  ERREUR SINGULIÈRE DES ARCHÉOLOGUES ANGLAIS.         elle nous a transmis des renseignements
                                                                                                                        précis sur le mode de fabrication des pote­  placés près du personnage de droite signi­
                  Tous ceux qui ont visité le Louvre recon­  Si l’on veut un monument authentique                       ries. On a la preuve que le tour du potier   fient « ils foulent. »
                naîtront la plus grande analogie entre la   de la prodigieuse antiquité de l’art cérami­                était employé chez les Égyptiens dès la plus   La figure B représente un ouvrier qui re­
                description qu’on vient de lire et les figures   que en Égypte, nous citerons la pyramide de            haute antiquité. Nous verrons plus tard qu’il   lève la pâte, que son compagnon, C, va
                qui, recueillies dans les ruines de l’Asie   Dashour. Elle remonte à 3400 ans avant                     existait en Chine, à une époque plus reculée   porter aux tourneurs. Les hiéroglyphes in­
                Mineure, ornent aujourd’hui les salles dus   Jésus-Christ, et est construite entièrement                encore.                                   diquent cette double opération.
                musée Assyrien, situées au rez-de chaussée   en briques, composées de sable séché au so­                  Champollion a décrit des peintures qui    Les figures D et E représentent deux ou­
                du palais.                                 leil et mélangé de paille. On trouve encore                  furent trouvées dans les catacombes de Thè­  vriers tourneurs.
                   Citons un autre exemple de l’emploi des   mêlées au sable les semences que contenait le              bes. Ces peintures, qui existaient 1900 ans   Nous pouvons d’après ce dernier dessin de
                briques dans les constructions de l’ancienne   limon du Nil, avec lequel ces briques furent             avant J.-C., représentent les opérations du   l’artiste archiséculaire, nous rendre compte
                Asie.                                      fabriquées.                                                  potier depuis le pétrissage de la pâte avec  de la forme du tour égyptien. Cet engin est
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