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160 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

tériaux, le silex, les os, le bois, les filaments que l’on appelle les temps anté-historiques.
végétaux offrent immédiatement à l’ouvrier,
le résultat de son travail. Au contraire, la fa­ Les naturalistes contemporains, qui ont
brication des poteries exige toute une série créé la science des origines de l’homme, di­
d’opérations, souvent longues et difficiles. visent en plusieurs périodes l’histoire du
Elle marque donc les premiers pas de l’huma­ développement intellectuel et moral de
nité dans la voie de la civilisation et des arts. ’
l’humanité. On distingue, comme nous l’a­
Ainsi, l’étude des poteries à travers les !
vons établi dans notre ouvrage intitulé :
siècles peut être considérée comme l’étude L'Homme primitif (l), deux grandes périodes
des débuts de la civilisation des sociétés hu­
dans l’évolution de l’humanité ante-histo­
maines. rique, et ces périodes ont pour base de
Tandis que les ustensiles habituels de durée la nature des substances dont les
l’homme, ou les produits de son industrie, hommes faisaient usage pour les besoins de
sont détruits par le temps, au contraire les leur industrie. Ces deux périodes sont : VAge
terres cuites et les poteries se conservent de pierre et l’Age des métaux.
sans s’altérer. Il résulte de là que les diffé­
L'âge de pierre se subdivise lui-même en
rents vases que la piété de nos ancêtres pla­
trois époques, à savoir :
çait dans les tombeaux, à côté des morts
1° L’époque du grand ours et du mam­
révérés ou chéris, nous révèlent, lorsqu’ils
mouth ;
sont aujourd’hui exhumés, le degré d’avan­
2° L’époque du renne ;
cement et de progrès intellectuel des peu­
3° L’époque de la pierre polie.
ples qui les avaient façonnés. Les formes des
L'âge des métaux comprend :
vases funéraires, les inscriptions, les dessins,
1° L’époque du bronze ;
les sujets qu’ils représentent, nous initient
2° L’époque du fer.
à l’histoire, aux mœurs, aux habitudes des
A quelle époque faut-il rapporter l’inven­
nations disparues. Et souvent aucune autre
tion des poteries, et peut-on fixer cette épo­
trace certaine ne nous est restée de ces gé­
que avec quelque précision ? La science de
nérations antiques.
l’homme primitif répond de la manière sui­
Cette Notice sur {'industrie des poteries
vante à cette question.
doit donc commencer, pour être conforme
Nulle trace de poterie n’existe dans les
aux progrès récents de la science, par l’exa­
grottes et cavernes que l’homme a habitées
men des œuvres de l’homme dès son appa­
pendant la première période de l’apparition
rition sur la terre.
de l’humanité, c’est-à-dire pendant Tépoque
La connaissance des mœurs et coutumes
du grand ours et du mammouth.
de l’industrie et du mode d’alimentation
Les poteries étaient-elles connues à l’é­
des premiers hommes, est de date fort ré­
poque du renne? Le fait est encore incer­
cente ; mais elle est établie sur des bases
tain. On ne possède qu’un 'seul objet de po­
certaines. La science de l'homme primitif,
terie appartenant à l’époque du renne.
de \ homme antédiluvien, comme on l’ap­
M. Edouard Dupont, naturaliste belge,
pelle quelquefois, est fondée aujourd’hui
dans sa célèbre exploration des cavernes de
d’une manière irrécusable. C’est cette jeune
Furfooz (Belgique), travail qui contribua
science qui va nous fournir les données
beaucoup à la création de la science qui
nécessaires pour retracer ici l’origine et le
développement de l’art céramique, pen­
(1) Un vol. grand in-S”, avec planches. Paris, 1870, chez
dant la longue série de ces âges ténébreux Hachette. «