Page 179 - Les merveilles de l'industrie T1

174 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

« En même temps le vase qu’il faisait de terre Égyptiens. En effet, il se compose d’une
d’argile avec ses mains, se rompit; et aussitôt il terre siliceuse émaillée et colorée en bleu.
fit un autre vase, en la manière qu’il lui plut;
« Le Seigneur alors m’adressa la parole et me dit : Ainsi les Hébreux employaient la même terre
« Maison d’Israël, dit le Seigneur, ne pourrais-je siliceuse, l’ornaient des mêmes couleurs et
donc pas faire de vous ce que le potier fit de son imitaient les modèles qu’ils avaient emportés
argile ? Car comme l’argile est dans la main du po­
tier, ainsi vous êtes dans ma main, maison d’Is­ lorsqu’ils avaient quitté la terre d’Égypte.
raël (1). »
Nous terminerons ce chapitre en réfu­
Et plus loin :
tant l’erreur qui a consisté à prétendre que
« Vous romprez ce vase de terre devant les per­ les anciens Égyptiens ont connu la porce­
sonnes qui iront avec vous; laine en même temps que les Chinois, ou
« Et vous leur direz : Voici ce que dit le Seigneur
du moins, ce qui eût été tout aussi étrange,
des armées : Je briserai ce peuple et cette ville,
comme ce vase de terre est brisé et ne peut plus être qu’il aurait existé à cette époque reculée
rétabli (2). » des relations de commerce entre la Chine
et l’Égypte. La manière dont cette opinion
Isaïe fait allusion au pétrissage de la pâte
s’était accréditée et ce qui a amené la cons­
par le foulage par les pieds :
tatation de l’erreur, sont assez curieux à con­
« Je l’appellerai du septentrion et il viendra de naître.
l’Orient, il reconnaîtra la grandeur de mon nom, il Un auteur italien, Rosellini, avait décrit
traitera les grands du monde comme la boue, et il
les foulera comme le potier foule l’argile sous ses dans un ouvrage très-estimé, publié en 1834,
pieds (3), » 1 monumenti dell'Egitto, un petit vase de
porcelaine de Chine, trouvé par lui-même,
Les opérations du potier de terre devaient disaitRosellini, « dans un tombeau égyptien,
être très-familières au peuple des Hébreux, qui n’avait jamais été ouvert auparavant,
puisque c’est aux procédés de cet art que les et dont la date remontait à une époque pha­
prophètes empruntent leurs comparaisons. raonique peu postérieure à dix-huit siècles
Mais, comme nous l’avons dit, ce n’est avant Jésus-Christ. »
qu’aux objets destinés aux usages vulgaires, ! Ce petit vase de porcelaine portait d’un
à la confection des ustensiles de ménage, ' côté, une fleur peinte et de l’autre une ins­
que s’appliquait le travail du potier, et, i cription en caractères chinois assez sem­
comme pour l’Egypte, les ustensiles com­ blables à ceux d’aujourd’hui.
muns de la Judée n’ont pu venir jusqu’à Sir Francis Davis rapporta ce fait dans son
nous. grand ouvrage sur la Chine (1), et il ajouta
Nous devons cependant citer, mais à ti­ que trois petites bouteilles {bottles} du même
tre d’exception, un fragment d’un objet cé­ genre, découvertes aussi en Égypte, avaient
ramique , d'un ordre plus relevé, qui a été été rapportées en Angleterre par Sir Gar-
trouvé en Judée, et qui figure dans les ga­ dner Wilkinson. Sir Francis Davis affir­
leries du Louvre. Ce spécimen, qu’il serait mait que sous le rapport de la forme et de
sans intérêt de reproduire ici, puisque ce l’aspect qu’elles présentaient, ces bouteilles
n’est qu’une partie du vase, prouve que les étaient parfaitement identiques aux petites
artistes hébreux s’inspiraient complètement bouteilles à tabac (snuff bottles') que l'on fa­
des traditions que leur avaient léguées les brique actuellement en Chine, et dont une
de la même espèce se trouvait alors en sa pos-
(1) Chapitre xvm, versets 1 à 6.
(2) Chapitre xix, versets 10 et 11. (I) The Chinese, or general Description of the Empire of
(3) Chapitre xn, verset 25. China. London, 183G.