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178 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES. 179

que contient le fourneau s’y mêle, s’y confonde sans mitif, jusqu’à l’âge de pierre, nous croyons
retour et que le potier tremble d'effroi à ce specta­ aient été recueillis plus tard en Italie. à 600 ans avant Jésus-Christ). Elles sont à
cle ; que le fourneau fasse entendre un bruit sem­ facilement que les anciens Pélasges durent C’est pour cette raison que les érudits pâte tendre ; la pâte est rougeâtre, avec un
blable à celui que rendent les mâchoires d’un che­ apporter avec eux, dans le pays qui devait qui se sont occupés exclusivement de po- ! lustre rouge et noir ; elles ont généralement
val irrité, et que tous les vases fracassés ne soient être la Grèce, l’industrie des poteries. été faites au tour ; leurs formes sont simples,
plus qu’un amas de débris. » teries grecques, se sont continuellement
Ce qui est certain, c’est que la Grèce pos­
trouvés embarrassés ou en contradiction les contours en sont purs et dérivent de la
sédait des potiers célèbres dès la plus haute sphère, de l’œuf, des fleurs simples, cam­
M. Miot, traducteur d’IIérodote, donne avec eux-mêmes.
antiquité. Nous avons déjà cité Corœbus et panule, tulipe, du gland, etc.
l’explication suivante des noms des génies M. Auguste Demmin, dans son Guide de
Thalus, ce dernier considéré comme l’inven­ Les ornements sont des palmettes, ou des
malfaisants personnifiés par le poète : Syn- l'amateur de faïences et porcelaines, pense
teur de la roue du potier. On lui attribue en­ méandres ; les figures sont roides.
trips et Smaragos expriment la rupture de que l’on peut adopter comme guides les in­
core l’invention du ciseau, du compas, et 2° Les poteries campaniennes (de 600 ans
la terre en morceaux; Asbestos est un feu dications suivantes :
de la scie, dont l’arête dorsale d’un poisson à 300 avant Jésus-Christ). Elles sont à pâte
très-violent; Abactos peint l’infortune des Les vases en argile jaune un peu brunâtre,
lui aurait donné l’idée. La tradition préten­ tendre, mate, à couleur généralement noire;
ouvriers dont les travaux sont anéantis ; Omo- dont les ornements noirs, légèrement en re­
dait que son génie inventif inspira une telle elles sont en partie tournées. Les formes et
damos, est la force destructive à laquelle lief, sont produits sur le fond de la terre,
jalousie à son oncle Dédale, que celui-ci, appartiennen t à la première époque (800 ans les contours sont moins simples et moins purs
rien ne résiste.
l'ayant attiré au temple d’Athènes, sur l’a­ que chez les anciens Grecs ; elles sont ren-
Comme le dit Alexandre Brongniart, il se­ avant Jésus-Christ).
cropole, l’aurait assassiné, en le précipitant Nous ferons pourtant remarquer que les j fiées ou contournées, moins comparables aux
rait difficile de mieux préciser qu’on ne le de cette hauteur sur le sol. Cependant, poteries grecques remontent beaucoup plus belles formes naturelles.
fait dans l’hymne attribué à Homère, les Minerve, ajoute la légende, retint Thalus haut, d’après ce que nous avons dit des Les ornements sont généralement en
résultats d’une fournée heureuse, et surtout dans sa chute, et le métamorphosa en oiseau.
potiers de Samos chantés par Homère. relief, et à dents de loup. Les figures sont
ceux d’une fournée manquée par excès de Avant Corœbus et Thalus, il faut citer Di-
Seulement les produits de cette fabrication ordinairement courtes et disgracieuses.
feu. C’est bien le spectacle qui se présente, butade, de Sicyone, sculpteur et inventeur
primitive ne sont point parvenus jusqu’à Il est un grand nombre de poteries et
lorsqu’à l’ouverture d’un four, on voit les de la plastique en terre cuite.
nous, et l’auteur que nous citons ne s’est de vases qu’il serait difficile de faire entrer
piles écroulées les unes sur les autres, et les Grâce aux inscriptions dont les vases attaché à faire un guide que pour les pote­ dans ces classifications. Ce sont principale­
pièces de poterie brisées et mêlées avec les étaient ornés, on connaît les noms de plu­
ries qui existent dans les collections. ment les pièces qui ont été trouvées dans
débris des cazettcs qui les renfermaient. sieurs artistes célèbres parmi les potiers
La seconde époque (700 à 600 ans avant des tombeaux appartenant aux premiers
Il résulte de ce récit que les poteries de grecs dont les œuvres sont venues jusqu’à
Jésus-Christ) se signale particulièrement en âges de la Grèce et de ses colonies, princi­
Samos devaient être célèbres dix siècles nous. Les simples potiers qui avaient tourné ce que la figure humaine ne se trouve pas palement de la Campanie.
avant l’ère chrétienne, et que le tour à po­ et modelé la terre cuite signaient l’œuvre de dans les décors, qui consistent en taureaux L’abbé Mazzola a fait, au siècle dernier,
tier, déjà mentionné, d’ailleurs, dans les leur nom, avec la mention sirowiffev (a fait}-, le et autres animaux. un travail très-intéressant pour prouver, d’a­
citations de \Uiade que nous avons re­ peintre, l’artiste, qui avait tracé au pinceau La troisième époque (600 à 300 ans avant Jé­ près la composition de la terre qui les ren­
produites plus haut, devait être connu et les sujets et les ornements, faisait suivre sa sus-Christ) montre déjà des figures d’hommes ferme et la manière dont ils sont disposés
employé pour faire les vases, 300 ans avant
signature du mot eypa^sv (a peint}. Plus de et des sujets historiques et mythologiques. dans les tombeaux, que les vases grecs re­
que le Scythe Anacharsis vînt (392 ans avant
quatre-vingts noms, dont au moins quinze La quatrième époque (à partir de 300 avant cueillis dans des fouilles opérées près de
J.-C.), faire connaître à Athènes un tour de
de peintres, nous sont ainsi parvenus. Jésus-Christ) et la cinquième (400 avant Jé­ Naples, au siècle dernier, remontent à une
potier perfectionné. époque antérieure à celle où Homère a vécu,
sus-Christ), les plus artistiques de toutes, se
Quelques auteurs font remonter plus haut Il est assez difficile d’établir un classement signalent par des figures jaunes sur fonds et sont, par conséquent, les plus anciennes
encore l’origine de l’art du potier en Grèce. parmi les anciennes poteries de la Grèce, de toutes les poteries grecques.
D’Hancarville attribue quelques vases grecs d’abord parce que le plus souvent on manque noirs. En étudiant en géologue le sol de la
La décadence de la fabrication de toutes
aux Pélasges, peuples venus de la Bactriane de données certaines sur l’époque de leur fa­ ces poteries se révèle par des dessins grossiers Campanie où ces tombeaux sont profondé­
et de la haute Asie, qui furent les premiers brication, ensuite parce qu’on rencontre des en jaune pâle, sur un fond noir mal peint. ment enfouis, l’abbé Mazzola découvrit que
fondateurs de la race grecque. Nous n’avons poteries semblables sous le rapport de la Alexandre Brongniart, dans l’atlas qui cette terre est volcanique, car elle renferme
aucune peine à admettre cette opinion,
forme et de la composition partout où les accompagne son ouvrage, a adopté une autre beaucoup de pierres ponces. Lorsque cette
sur l’origine reculée qu’il faut attribuer à Grecs avaient fpndé des colonies? On doit classification, basée sur la composition des terre était superficielle, ajoute-t-il, la cam­
l’invention de la poterie. Puisque nous fai­ considérer comme grecs, les vases cam- poteries. Il distingue : pagne de Naples devait être stérile et a dû
sons remonter cet art jusqu’à l’homme pri­
paniens et les vases étrusques, quoiqu'ils l°Les poterif?s des Grecs anciens (de 1000 ans ! l’être jusqu'à la formation de la terre végé-