Page 187 - Les merveilles de l'industrie T1
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182                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


             peut-être même jusqu’à Vâge du fer. Nous    Les poteries peintes et vernissées de la
             trouvons, en effet, qu’il existe une grande   Grèce et de ses colonies ont toujours figuré
             analogie entre ces tombeaux et ceux que   au nombre des antiquités les plus admirées.
             les archéologues modernes ont décrits     L’élégance extraordinaire de leurs formes,
             comme propres à l’âge du fer. C’est pour   la variété de leurs ornements, la belle com­
             cela que nous sommes entré à leur sujet   position des sujets, tout contribue à justi­
             dans quelques développemenst.             fier cette admiration. A ces qualités il faut
                                                       joindre l’extraordinaire ténuité ou légèreté
               Arrivons maintenant à la céramique      que présente souvent la pâte de ces pote­
             grecque appartenant à l’époque véritable­  ries. Les artistes grecs rivalisaient entre
             ment historique.                          eux sous ce rapport. On connaît l’histoire
                                                       rapportée par Pline de ces deux potiers
                                                       luttant à qui saurait produire l’amphore la
                                                       plus légère (1). Les deux amphores résultant
                                                       de ce défi étaient conservées dans le tem­
                                                       ple d’Erythra.
                         CHAPITRE VI                     C’est qu’il y avait chez les Grecs une vé­
                                                       ritable passion pour les vases de terre cuite
             LA POTERIE GRECQUE. — DESCRIPTION DES PRINCIPALES |
                                                       décorée. Il fallait une passion en l’honneur
                        ESPÈCES DE VASES GRECS.
                                                       de cet art pour élever, comme le faisaient
                                                       les Grecs, des statues aux plus célèbres
               Les vases grecs furent désignés, au com- I   potiers, pour frapper des médailles en leur
             mencement de notre siècle, sous le nom de   honneur, et pour conserver à la postérité,
             vases étrusques. Cette désignation tenait à ce   comme l’ont fait plusieurs écrivains grecs,
             que les premiers vases de poterie antique, i   et Pline en Italie, les noms des potiers
             ornés de dessins sur un fond noir, avaient   qui avaient inventé de nouvelles formes de
             été trouvés pour la première fois en Toscane (   vases, ou ceux des artistes qui les avaient
             (l’ancienne Etrurie). On continua ensuite, -  ornés de dessins.
             par un abus de l’usage, à appeler vases     Le nom de Dibutade, de Sicyone; celui
            étrusques tous les vases anciens que l’on   de Corœbus, d’Athènes ; celui de Thalus,
             trouvait en Grèce, comme en Italie. Mais ce   neveu de Dédale ; celui de Thériclès, de
            qu’il faut bien savoir, c’est que toutes ces   Corinthe ; celui de Chérestrate, sont cités
            belles poteries vernissées et ornées de des­  dans plus d’un auteur grec, principale­
            sins d’un style si correct et si pur, ont été   ment par Athénée, qui, dans son Banquet
            produites par des potiers grecs, soit dans la   des sages, donne la nomenclature d’une
            Grèce proprement dite, soit dans la vaste   centaine de vases à boire, avec les noms
            colonie grecque qui embrassait presque tout   des potiers et de la fabrique d’où ils sor­
            le midi de l'Italie, et qui, portant le nom de   taient, ainsi que les procédés de fabrica­
             Grande-Grèce, renfermait les quatre régions   tion de ces différents vases.
            connues sous le nom de Campanie (Terre       Les artistes les plus renommés consa­
            de Labour), Apulie, (Pouille), Brutium (Cala­  craient leur talent à décorer les œuvres des
            bre), Lucanie (Basilicate), et qui comptait   potiers. Parmi ces artistes on cite Phidias,
             comme villes principales Locres, Crotone,   l’architecte Polyclète, d’Argos, le sculpteur
            Rhégium,Sybaris, Tarante, Héraclée, Naples
             (Neapolis),Cumes, Métaponte, etc.
                                                        (1) Livre XXXV, chap. xlvi.
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