Page 188 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                             183

            Myron, ainsi que les sculpteurs Eukheir et   Brongniart, dans son Traité des arts céra­
            Eugrammus (1).                            miques (1), donne l’énumération des diffé­
              Les chefs-d’œuvre des potiers, décorés des   rentes localités dans lesquelles on produisait,
            chefs-d’œuvre des artistes, étaient exposés   dans l’Antiquité, des poteries décoratives.
            publiquement dans les Panathénées, puis   Il cite les villes suivantes, en ce qui con­
            donnés en prix aux vainqueurs des Jeux    cerne les poteries grecques :
            Olympiques. On appelait amphores panathé-   Grèce proprement dite. — Corcyre (Cor­
            naïques ces vases qui servaient de prix aux   fou), Athènes, Corinthe, Egine (golfe
            jeux et exercices publics. On conservait avec   Saronique), Lacédémone, Mélos (une des
            orgueil dans les familles ces témoignages   îles Cyclades, aujourd’hui île de Milo,
            de la victoire et ces tributs de l’art. Sou­  d’où est venue la Vénus dite de Milo), Santo-
            vent les propriétaires de ces glorieux tro­  rin, Crète (aujourd’hui île de Candie),Ery-
            phées ordonnaient qu’on les ensevelît avec   thra (dont nous parlons plus haut à propos
            eux. C’est pour cela qu’on découvre au­    de la lutte des deux potiers); — îles de
            jourd’hui ces beaux vases exclusivement    Samos, de Ténédos, Chélidromia (une des
            dans les tombeaux. Ils représentent, d’un   Sporades).
            côté, la figure symbolique d’Athènes, de     Grande-Grèce. — Capoue, Nola, Cumes,
            l’autre les différents Jeux Olympiques. Nous   Pouzzoles, Sorrente,' Nocera, Pæstum,
            représentons (fig. 123) une belle amphore   Arpi, Pomarica, etc., Rhégium (aujour­
            panathéndique qui existe au Musée du       d’hui Reggio), Locri, Altamura, Tarente,
            Louvre.                                    Métaponte, etc.
              Les auteurs grecs citent les noms de       Brongniart cite également les noms de
            quelques-uns de ces vases restés célèbres :   villes de l’ancienne Etrurie dans lesquelles
            le vase de Nestor, le vase de Prusias, le vase   il existait des fabriques de vases ornés.
            de Séleucus, le vase de la Chasse, et le vase   Mais les fabricants de l’Étrurie étaient des
            d’Arcésilas, qui est venu jusqu’à nous et que   potiers grecs, et les localités dans lesquel­
            nous représenterons plus loin.             les on fabriquait ces vases étaient peu
              Un grand nombre de médailles athé­       nombreuses. Elles se réduisent à Volterra,
            niennes, béotiennes, etc., ont pour type un   Arezzo, Clusium, Vulsci et Tarquinium.
            vase surmonté d’une chouette, et mis de      Tous les vases antiques dont nous allons
            cette manière sous la protection de la déesse   parler ont été trouvés dans des tom­
            de la sagesse et des arts. C’est la preuve de   beaux, jamais dans des ruines de monu­
            la considération et de l’estime dans laquelle   ments ou de manufactures. L’époque de
            on tenait l’art du potier chez les Grecs.  leur fabrication première paraît devoir être
              La quantité prodigieuse de vases grecs   le ixe siècle avant J.-C., et leur fabrication
            dits Campaniens (c’est-à-dire de la Campa­  cessa au ne siècle après J.-C. Elle em­
            nie, région de la Grande-Grèce) prouve sur   brasse donc un espace de plus de douze
            quelle échelle extraordinaire les potiers   cents ans, en présentant toujours le même
            grecs se livraient à cette fabrication.il existe   système de formes, le même style d’orne­
            plus de 70,000 vases grecs dans les princi­  mentation et de décor.
            paux musées actuels de l’Europe. 11 fallait
            donc que le nombre des fabriaues fût im­     Le savant archéologue Gerhard a donné
            mense.                                     une classification des vases grecs selon leurs


              (1) Pline, livre XXXV, ch. xu.            (1) Tome I, p. 575 et sniv.
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