Page 181 - Les merveilles de l'industrie T1
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176                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


              dont on a fait tant de bruit. M. Natalis Ron-   logues nomment l’ère orientale. Nous allons
              dot, ancien délégué du Gouvernement près   aborder l’ère grecque ou gréco-étrusque, et
              l'ambassade française en Chine , trouva   ici les témoignages écrits ne nous feront
              en 1845, dans une fabrique de porcelaine   pas défaut.
              voisine de T'chang-tcheou (Fo-kien) un petit   Déjà Homère avait dit, dans T Iliade, en
              flacon pareil à l’un de ceux que possède le   décrivant une danse figurée sur le bouclier
              Louvre. Depuis cette époque, M. Natalis Ron-   d’Achille :
              dot a pu obtenir de ses amis de Chine, un
              certain nombre de bouteilles semblables,    «Toute cette troupe danse en rond avec tant de
                                                        justesse et de rapidité que la roue que le potier met
              achetées depuis peu dans des magasins de   en mouvement avec les'mains, ne tourne ni plus éga­
              porcelaine, et dont quelques-unes portent   lement, ni plus rapidement. »
              précisément les mêmes inscriptions que
              celles qui ont été signalées par MM. Rosel-   En reproduisant ce passage, qui démontre
              lini, Wilkinson et Davis.                 que le tour du potier était connu et employé
                Autre détail caractéristique. M. Pryse,   du temps d’Homère, Alexandre Brongniart
              consul anglais en Egypte, en pressant de   fait remarquer que les potiers modernes im­
              questions les Arabes du Caire, spécialement   priment encore avec les mains à leur plateau
              adonnés au trafic des curiosités, finit par leur   roulant un mouvement assez rapide et assez
              faire avouer qu’ils n’avaient jamais recueilli   puissant pour qu’ils aient le temps de confec­
              de porcelaines dans les ruines, et que la   tionner leur pièce. Ce n’est pas là toutefois
              plupart des bouteilles livrées aux voyageurs,   le véritable tour à potier, dont la roue est
              provenaient de Cous, de Geft et de Qosseyr,   inférieure, et mue avec le pied ; ce serait
              entrepôts du commerce de l’Inde dans la   plutôt la tournette, ou roue du potier, dont
              mer Rouge.                                nous avons déjà fait mention en parlant des
                Nous avons insisté peut-être un peu lon­  potiers de l’ancienne Egypte, et qui précéda
              guement sur ces vases égyptiens, mais il   le tour à pied.
              s’est fait tant de commentaires à leur sujet,   Du reste, on croit connaître l’époque de
              et on les montre encore au Musée du Louvre   l’invention du tour à pied, ou au moins
              avec une assurance si imperturbable comme   celle de son introduction en Grèce, ainsi
              ayant été trouvés dans les tombeaux de    que le nom de son inventeur. Si certains
             Thèbes, que nous avons cru pouvoir nous    Grecs attachaient à Céramus, fils de Bacchus
              livrer à cette digression.                et d’Ariane, l’invention de l’art du potier,
                                                        tandis que d’autres en faisaient honneur à
                                                        Corœbus, d’Athènes, ou à Hyperbias, de
                                                        Corinthe, tout le monde était d’accord pour
                          CHAPITRE V                    accepter comme inventeur du tour Thalus,.
                                                        ou Thalos, sculpteur athénien, neveu de
             LA POTERIE DANS L’ANCIENNE GRÈCE. — HOMÈRE. —   Dédale, et qui vivait 1200 ans avant l’ère
               L’HYMNE DU FOURNEAU. — CLASSIFICATION DES POTERIES
                                                        chrétienne.
               GRECQUES. — POTERIES TROUVÉES DANS LES TOMBEAUX.
                                                          Les Grecs voulurent immortaliser cet in­
               —CHAMBRES SÉPULCRALES DE LA CAMPANIE. — TOMBES
               TROUVÉES DANS LES ILES DE L’ARCHIPEL. — TOMBEAUX   venteur, et ils frappèrent en l’honneur de
               DES ENVIRONS D’ATHÈNES. — CONSIDÉRATIONS SUR LES
                                                        Thalos des médailles, sur lesquelles on
               PRINCIPAUX VASES GRECS.
                                                        voyait un vase, aux formes cylindriques,
               Les poteries dont nous avons parlé jus­  surmonté d’une chouette, oiseau de Mi­
             qu’ici appartiennent à ce que les archéo­  nerve.
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