Page 511 - Les fables de Lafontaine
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LEXIQUE                   5°9

         Bâiller. I^a Fontaine, comme bien   Bateleur. Faiseur de tours d’adres­
       d’autres, confond bâiller (de sommeil)   se, montreur de bêtes savantes.
       et bayer, ouvrir la bouche sous l’em­
       pire d’un vif sentiment d’admiration,   Baudet. Nom propre inventé par
       de crainte, de désir, etc. Bâiller après   Rabelais. Au moyen âge, on appelait
       quelque chose, aspirer à quelque   l’âne, par ironie, Baudouin. Le nom
       chose.                    inventé par Rabelais s’est substitué
                                 à Baudouin avec la même intention
        Balance. Symbole de la justice.   moqueuse. Il est devenu nom com­
       Etre la balance à la main, être juge.   mun.
       Tenir la balance égale, se montrer
       juge équitable.            Beau. Cet adjectif s’employait en
        Balandras. Terme familier, écrit   ancien français devant les titres ou
       d’habitude ôaZandran, désignant un   les noms de parenté, pour exprimer
                                 le respect : beau duc, beau-fils, beau
       vêtement doublé aux épaules.  sire. Au xvn® siècle, cet emploi est
        Baller. Archaïsme, danser.  devenu familier et se nuance d’ironie :
                                 ce beau marmot, beau sire...
        Ballot. Paquet de marchandise (co­  Le plus beau de : la meilleure partie
       ton, tabac, etc.) transporté sur un   de.
       bateau.
                                  Beauté, Belle. Bn style précieux,
        Ban. Appel aux armes par lequel
       un suzerain convoque ses vassaux.   une femme est une Beauté, une jeune
                                 Beauté ou une Belle. Les Belles, les
       Publier les bans, proclamer un appel
       aux armes.                femmes du monde, courtisées par les
                                 galants.
        Bancs. Mettre sur les bancs, mettre
       en état de passer sa thèse, pour deve­  Belette. Petit fauve, du genre du
       nir docteur. A l’origine, il n’y avait   putois, au corps allongé et au mu­
       pas de bancs dans les classes, mais   seau pointu. Bile loge dans des trous
       simplement de la paille. On n’instal­  et sa petitesse est telle qu’elle occupe
       lait des bancs que pour la soutenance   fort bien des trous de souris. Mais
       dès thèses.               quand elle s’empare d’un terrier de
                                 lapin, elle commence par tuer le
        Bande. Troupe, au sens général.   « premier occupant », pour boire son
       Particulièrement troupe en marche,   sang. La belette fait la guerre aux
       et troupe de bandits.     souris et aux rats ; les Latins la do­
        Barbacole. Maître d’école, magis-   mestiquaient, à la place des chats,
                                 pour chasser les souris.
       ter ; terme défavorable (de barbant
       colere, soigner sa barbe, par allusion   Belle. Voir Beauté. Donner ou bâil­
       aux grandes barbes des magisters,   ler belle, se moquer des gens avec au­
       destinées à inspirer du respect).  dace.
        Bas. Terrestre. Ce bas univers, ce
                                  Bellérophon. Héros mythologique,
       monde terrestre (p. opp. au séjour   tua la Chimère, en chevauchant le
       céleste).                 cheval ailé Pégase. Dans sa vieillesse,
        Mettre bas, abattre, tuer.  il fut condamné à errer dans les soli
        Bassa. Pacha, gouverneur turc   tudes de l’Egarement, loin de toute
       d’une province. La Grèce était sou­  présence humaine.
       mise à la domination turque.
                                  Bellone. Déesse de la guerre, dans
        Bât. Selle destinée à recevoir une   la mythologie latine. Le métier de
       charge placée sur le dos d’une bête de   Bellone, la guerre.
       somme.
                                  Bénin, fém. bénigne : bienfaisant,
        Bateau. Arriver en trois bateaux,   doux. Le contraire est malin, mal­
       expression familière : arriver à grand   faisant.
       fracas, avec une suite importante.   A noter que la désinence -igné se
       Autrefois, les déplacements par   prononçait -ine. Cygne, digne, bénigne,
       « coches d’eau » étaient très usuels.  etc., rimaient donc avec machine.
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