Page 499 - Les fables de Lafontaine
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LE JUGE ARBITRE, L’HOSPITALIER ET LE SOLITAIRE 497
       Frémit et s’étonna, la voyant accourir.
       Tout l’Érèbe * entendit cette Belle homicide
       S’excuser * au Berger, qui ne daigna l’ouïr,   '   80
       Non plus qu’Ajax Ulysse, et Didon son perfide11.
         Exercice complémentaire. — Rédigez la réponse de de La
       Mésangère à La Fontaine.


            25.  — LE JUGE ARBITRE, L’HOSPITALIER *
                       ET LE SOLITAIRE

         Source. — Arnauld d’Andilly : les Vies des Saints Pères des
       déserts.
         Intérêt. — Cette fable est un conte religieux, le seul du genre
       dans les trois recueils. On peut le rapprocher de X, 9, le Berger et
       le Roi et de XI, 4, le Songe d’un Habitant du Mogol, pièces qui,
       toutes deux, comme celle-ci, visent à inspirer « l’amour de la
       retraite ». Mais il s’agit, ici, d’une retraite pieuse, en vue du salut.
       Il est beau que La Fontaine ait conclu son œuvre par cet appel,
       et il peut se dire, en effet, en posant la plume, définitivement cette
       fois :
                     Par où saurais-je mieux finir ?
       Trois Saints, également jaloux * de leur salut,
       Portés * d’un même esprit *, tendaient à même but.
       Ils s’y prirent tous trois par des routes1 diverses *.
       Tous * chemins vont à Rome : ainsi, nos concurrents 2
       Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.   5
       L’un, touché des soucis, des longueurs, des traverses *,
         11. Comparaison, 23, j ; pour Ajax et Ulysse, cf. Odyssée, XI, 543 ;
       et, pour Didon et le « perfide », Enée, Enéide, VI, 450, sqq. Types de
       rancunes qui survivent aux enfers : Ajax ne pardonnait pas à Ulysse
       l’octroi des armes d’Achille, et Didon ne pardonnait pas à Enée de
       l’avoir abandonnée à Carthage.
         1. Ils s’y prirent par des routes, combinaison de deux expressions :
       Ils prirent des routes, et : ils s'y prirent par des moyens. — 2. Concur­
       rents, au sens étymologique : qui courent ensemble, sans idée de
       rivalité.
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