Page 391 - Les fables de Lafontaine
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DISCOURS                   3&7

    2.  Objections sous forme d’exemples :
    a)  l.e Vieux Cerf.
                         Cependant, quand, aux bois,
              Le bruit des cors, celui des voix
      N’a donné nul relâche * à la fuyante proie,    70
              Qu’en vain elle a mis ses efforts *
              A confondre et brouiller la voie *
      L’animal chargé d’ans, vieux Cerf et de dix cors *,
      En suppose * un plus jeune et l’oblige par force
      A présenter aux chiens une nouvelle amorce *.   75
     ■ Que de raisonnements pour conserver ses jours :
      Le retour sur ses pas, les malices, les tours *,
              Et le change *, et cent stratagèmes,
      Dignes des plus grands chefs, dignes d’un meilleur sort!
              On le déchire après sa mort,           80
              Ce sont tous ses honneurs suprêmes,

    b)  La Perdrix.
                     Quand la Perdrix
                     Voit ses petits
      En danger, et n’ayant qu’une plume nouvelle,
      Qui ne peut fuir encor *, par les airs, le trépas,   85
      Elle fait la blessée et va, traînant de l’aile,
      Attirant le chasseur et le chien sur ses pas,
      Détourrte le danger, sauve ainsi sa famille ;
      Et puis, quand le chasseur croit que son chien la pille *,
      Elle lui dit adieu, prend sa volée, et rit     90
      De l’homme, qui, confus, des yeux en vain la suit8.

    c)  Les Castors.
              Non loin du Nord, il est * un monde
              Où l’on sait que les habitants

        8. Ce tableau de la perdrix, en une seule phrase, est un chef-d’œuvre
      du genre.
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