Page 383 - Les fables de Lafontaine
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LE SINGE ET LE CHAT 379
Ou de corde je manquerai. »
Le lacs * était tout prêt, il n’y manquait qu’un homme.
Celui-ci se l’attache et se pend bien * et beau. 25
Ce qui le consola peut-être,
Fut qu’un autre eût pour lui fait les frais du cordeau.
Aussi bien que l’argent le licou trouva maître.
L’avare rarement finit ses jours sans pleurs ;
Il a le moins de part * au trésor qu’il enserre *, 30
Thésaurisant pour les voleurs,
Pour ses parents, ou pour la terre.
Mais que dire du troc que la Fortune * fit ?
Ce sont là de ses traits * ; elle s’en divertit.
Plus le tour * est bizarre *, et plus elle est contente. 35
Cette déesse inconstante
Se mit alors dans l’esprit
De voir un homme se pendre ;
Et celui qui se pendit
S’y devait le moins attendre. 40
Exercice complémentaire. — Résumez cette narration en un
récit antithétique aussi bref que possible.
16. — LE SINGE ET LE CHAT
Sources. — Simon Maiole ; Noël du Fail ; Jacques Régnier.
Publiée en 1671.
Intérêt. — Tableau d’intérieur, admirablement composé ;
Mme de Sévigné écrit, à son propos, le 27 avril 1671 : « N’avez-vous
point trouvé jolies les cinq ou six fables de La Fontaine, qui sont
dans un des tomes que je vous ai envoyés? Nous en étions, l’autre
jour, ravis chez M. de La Rochefoucauld. Nous apprîmes par
cœur celle du Singe et du Chat/.. Cela est peint. Et la Citrouille
(le Gland et la Citrouille) et le Rossignol (le Milan et le Rossignol
fable suivante) ? Cela est digne du premier tome (recueil de 1668). »