Page 380 - Les fables de Lafontaine
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376 FABLES. — LIVRE NEUVIÈME
Qu’un tel * trésor était en tel lieu. L’homme au vœu
Courut au trésor comme au feu 8 :
Il trouva des voleurs, et, n’ayant dans sa bourse
Qu’un écu * pour toute ressource, 25
Il leur promit cent talents * d’or
Bien comptés, et d’un tel * trésor :
On l’avait enterré dedans * telle bourgade.
L’endroit parut suspect aux voleurs, de façon
Qu’à notre prometteur l’un dit : « Mon camarade, 30
Tu te moques de nous! Meurs, et va chez Pluton *
Porter tes cent talents en don. »
Exercice complémentaire. ;— Développez la narration de La
Fontaine sous la forme d’une nouvelle en deux parties antithétiques.
14. — LE CHAT ET LE RENARD
Sources. — Camérarius ; Gilbert Cousin; Haudent ; Jacques
Régnier.
Intérêt. — Fable didactique présentant, en une opposition
pittoresque à souhait, la rivalité du Chat et du Renard. Chef-
d’œuvre de la fable ornée.
Le Chat et le Renard, comme beaux petits saints,
S’en allaient en pèlerinage.
C’étaient deux vrais Tartufs1, deux archipatelins,
Deux francs patte-pelus * qui, des frais du voyage,
Croquant mainte volaille, escroquant maint fromage, 5
S’indemnisaient à qui mieux mieux.
Le chemin étant long, et, partant *, ennuyeux,
Pour l’accourcir ils disputèrent *.
La dispute * est d’un grand secours,
6. Comme on court à un incendie pour l’éteindre au plus tôt.
1. Tartuf, nom tiré de la célèbre comédie de Molière ; archipatelin,
qui suit, est tiré de la Farce de /'Avocat Pathelin, lequel avocat est le
type de l’astuce dénuée de scrupules.