Page 376 - Les fables de Lafontaine
P. 376
372 FABLES. — LIVRE NEUVIÈME
Le portier du logis et moi, 25
Nous serons tout à l’heure * à toi. »
Ce portier du logis était un chien énorme,
Expédiant * les loups en forme.
Celui-ci s’en douta : « Serviteur * au portier! »
Dit-il, et de courir. Il était fort agile, ' 30
Mais il n’était pas fort habile.
Ce Loup ne savait pas encor * bien son métier.
Exercice complémentaire. — Décrivez l'attitude des deux
Chiens derrière « le treillis » avant, pendant et après le passage du
Loup.
11. — RIEN DE TROP
Source. — Abstémius.
Intérêt. — Ceci n’a rien d’une fable : c’est la démonstration
d’un lieu commun rebattu chez les Grecs et chez les Latins (ne
quid ni mis), démonstration qui tire tout son piquant de l’enchaîne
ment progressif des images. Les rhétoriques anciennes appelaient
ce genre de gradation : gradation climaque, c’est-à-dire : en échelle
(23, r).
Je ne vois point de créature
Se comporter modérément.
Il est certain tempérament *
Que le Maître de la Nature1
Veut que l’on garde en tout. Le fait-on? Nullement. 5
Soit en bien, soit en mal, cela n’arrive guère :
Le blé, riche présent de la blonde Cérès *,
Trop touffu, bien souvent, épuise les guérets ;
En superfluités s’épandant * d’ordinaire
Et poussant trop abondamment, 10
Il ôte à son fruit * l’aliment2.
L’arbre n’en fait pas moins, tant le luxe * sait plaire.
1. Dieu. Périphrase, 24, d. — 2. Autrement dit, il pousse en paille
et n’a plus de quoi former son grain.