Page 301 - Les fables de Lafontaine
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LE CHAT, LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN 297

              « Et quand ce serait un royaume,       20
          Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
              En a pour toujours fait l’octroi
      A Jean, fils ou neveu * de Pierre ou de Guillaume,
              Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi ! » '
       Jean Lapin allégua la coutume et l’usage *.   25
      — « Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont, de ce logis,
       Rendu maître et seigneur, et qui, de père en'fils,
       L’ont de Pierre à Simon, puis à moi, Jean, transmis.
       Le premier occupant, est-ce une loi plus sage * ?
              — Or * bien, sans crier davantage,     30
       Rapportons *-nous, dit-elle, à Raminagrobis *. »
       C’était un Chat vivant comme un dévot ermite,
              Un Chat faisant la chattemite *,
       Un saint homme de Chat, bien fourré, gros et gras,
              Arbitre * expert sur tous les cas.     35
              Jean Lapin, pour juge, l’agrée.
              Les voilà tous deux arrivés
              Devant Sa Majesté * fourrée.
       Grippeminaud 5 leur dit : « Mes enfants, approchez,
       Approchez 6 ; je suis sourd ; les ans en sont la cause. » 40
       Aussitôt qu’à portée il vit les contestants *,
              Grippeminaud, le bon apôtre,
       Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
       Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre.
       Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois   45
       Les petits souverains se rapportant * aux rois.

        Exercice complémentaire. — Récrivez cette fable sous la forme .
       d’une petite comédie en plusieurs scènes avec changements de décors.








        5. Nom de chat emprunté à Rabelais. — 6. Répétition, 24, h.
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