Page 294 - Les fables de Lafontaine
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2go FABLES. — LIVRE SEPTIÈME
Fortune! qui nous fais passer devant les yeux 80
Des dignités, des biens, que jusqu’au bout du monde
On suit, sans que l’effet * aux promesses réponde *.
Désormais je ne bouge et ferai cent fois mieux! »
En raisonnant de cette sorte,
Et contre la Fortune ayant pris ce conseil *, 85
Il la trouve assise à la porte
De son ami, plongé dans un profond sommeil17.
Exercice complémentaire. — D'après cette fable et V, 11,
la Fortune et le Jeune Enfant, faites le portrait allégorique de la
Fortune.
12. — LES DEUX COQS
Sources. — Ésope ; Aphthonius ; Abstémius ; Haudent.
Intérêt. ■— Fable héroï-comique, où La Fontaine multiplie à
plaisir les souvenirs de l’épopée et de la poésie antique pour
traiter un sujet de basse-cour.
Après avoir vu la Fortune se dérober, dans la fable précédente,
aux prises de son courtisan, nous la voyons, ici, renverser les situa
tions par un retour inopiné. La fameuse « roue de la Fortune »
tourne. D’où le conseil de prudence final.
Deux Coqs vivaient en paix. Une Poule survint,
Et voilà la guerre allumée!
Amour *, tu perdis Troie *, et c’est de toi que vint
Cette querelle * envenimée
Où, du sang des dieux même, on vit le Xanthe teint1. 5
Longtemps, entre nos Coqs, le combat se maintint2.
Le bruit * s’en répandit par tout le voisinage.
La gent * qui porte crête 3 au spectacle accourut.
17. Conclusion brève, 26, g.
1. Le Xanthe est l’un des deux Heuves de la {daine de Troie. Teint
du sang des dieux, au ch. V de l’Iliade, Diomède blesse Mars et Vénus. —
2. Se maintint égal. — 3. Périphrase : les poules, 24, d.