Page 252 - Les fables de Lafontaine
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248          FABLES. — LIVRE SIXIÈME

        Le Soleil, disait-il, eut dessein, autrefois,   5
               De songer à l’Hyménée *.
        Aussitôt, on ouït, d’une commune voix,
               Se plaindre de leur destinée
               Les citoyennes * des étangs2.
           — « Que ferons-nous, s’il lui vient des enfants ?   10
        Dirent-elles au Sort * ; un seul Soleil, à peine *,
           Se peut souffrir *. Une demi-douzaine
        Mettra la mer à sec et tous ses habitants.
        Adieu joncs et marais! notre race est détruite *.
               Bientôt, on la verra réduite           15
           A l’eau de Styx *. » Pour un pauvre animal 3,
        Grenouilles, à mon sens *, ne raisonnaient pas mal.
         Exercice complémentaire. — Montrez que la conduite de ces
        Grenouilles sages s'oppose à celle des Grenouilles folles qui demandent
       un Roi dans III, 4.


             13.  — LE VILLAGEOIS ET LE SERPENT

         Sources. — Ésope ; Gabrias ; Phèdre ; Anonyme ; Corrozet ;
       Haudent ; Gilbert Cousin.
         Intérêt. — Fable didactique, dont La Fontaine tire deux leçons
       morales pour une. Le pittoresque en est admirable de précision
       et de force dramatique.
               Ésope conte qu’un Manant *,
               Charitable autant que peu sage *,
               Un jour d’hiver, se promenant
               A l’entour * de son héritage *,
       Aperçut un Serpent, sur la neige étendu,        5
       Transi, gelé, perclus, immobile, rendu*1,
               N’ayant pas à vivre un quart d’heure.
       Le Villageois le prend, l’emporte en sa demeure,
         2. Les grenouilles ; périphrase, 24, d. ■— 3. Animal est au singulier,
       bien qu’il renvpie à grenouilles qui est au pluriel, parce que La Fontaine
       pense à l’espèce. C’est une syllepse, 24, j.
         1. Gradation, 23, r.
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